L’école haïtienne est en voie de disparition en ce plein XXIe siècle: une analyse sociopolitique et économique

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Ilgentche Appolon

Doktoran nan syans levasyon, sitwayen angaje.

L’État haïtien, en plus qu’il ignore la vie de son peuple, oublie son éducation. Alors que la révolution espérée par de nombreux Haïtiens n’aura finalement pas eu lieu. En tout cas, pas le jour J[1]. Les manifestations, parfois violentes, qui ont eu lieu dans plusieurs villes d’Haïti depuis le lundi 5 février 2024, n’y ont rien changé surtout avec une présence policière comme s’ils sont bien payés et bien équipés. Mercredi 7 février, le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, s’est maintenu au pouvoir, défiant les appels à démissionner émanant d’une grande partie de la classe politique et de la population (LE MONDE, 2024).

Nommé à la tête du gouvernement, en juillet 2021, par le président Jovenel Moïse, deux jours avant l’assassinat de celui-ci, et entré en fonctions au bout de plusieurs journées tumultueuses, le Premier ministre de transition, qui assure désormais la présidence par intérim, s’était engagé, en décembre 2022, à organiser des élections et à quitter le pouvoir au 7 février 2024. Mais il n’en a rien été. Comme si tout est normal.

Ce qui soulève la colère de la population des dix départements du pays, d’où les établissements scolaires et universitaires  n’osent pas ouvrir leurs portes.

La fermeture des établissements pour une soi-disant révolution en Haïti le 7 février dernier  a provoqué un véritable bouleversement dans le pays tout en prenant l’éducation de nos enfants en otage et a révélé le rôle central de l’école dans notre société. Cette crise a incontestablement avivé des problèmes déjà présents en Haïti (éducation) et engendré de nouveaux défis.

 

Plusieurs des contraintes imposées dans notre milieu éducatif ont amplifié les inégalités déjà présentes avant la crise. En temps normal, les liens sociaux existant dans les établissements atténuent certaines des difficultés liées à ces disparités. La crise économique  et politique a mis à mal cette fonction sociale de l’école et a contribué à précariser la situation de nombreuses personnes.

Alors que certains jeunes ont pu profiter d’une situation favorable (soutien parental, espace de travail, etc.), d’autres ont dû composer avec d’importantes contraintes qui ont nui à leur persévérance, à leur motivation et à leur capacité de réussite. Les effets sur la santé mentale ont également été soulevés à de multiples reprises.

Si le milieu scolaire ne peut tout faire, il offre aux jeunes un espace de socialisation et d’expression indispensable à leur développement. Les répercussions de la fermeture, notamment les retards des uns et l’abandon des autres, prendront du temps à se résorber. Mieux comprendre comment la fermeture a affecté les élèves en tenant compte de leurs conditions socio-économiques, est essentiel afin de mieux définir les actions à entreprendre pour résorber ces effets. L’enjeu de la réussite, déjà au cœur de nombreux débats en éducation, devra retenir toute notre attention. Par exemple, quel sera l’effet sur les jeunes (enfants), dont presque la moitié n’accédait déjà pas à l’école (UNECO, 2021)?

Selon l’UNESCO, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aigüe en Haïti est en augmentation, avec 134 000 enfants en 2019 contre 167 000 en 2020. Un enfant sur quatre souffre de malnutrition chronique et deux sur trois souffrent d’anémie (UNICEF, 2020). L’UNICEF estime qu’en 2021, plus de 86 000 enfants haïtiens âgés de moins de cinq ans devaient souffrir de malnutrition aigüe sévère, en comparaison avec les 41 000 enfants touchés en 2020. Ce nombre a dû augmenter à cause de la pandémie de Covid 19, de la violence des gangs, des conditions météorologiques extrêmes exacerbées par le changement climatique, et du manque d’accès à une eau potable propre, à l’assainissement et aux services de nutrition (UNICEF, 2021).

En Haïti, les situations de crise perturbent l’éducation et empêchent la scolarisation de millions d’enfants et de jeunes à travers le pays. Dans le pays et les régions touchés par des situations de violences prolongées, non seulement les jeunes perdent leur foyer et leurs proches, mais ils sont privés d’accès à l’éducation et à un cadre d’apprentissage sûr, ce qui a un impact sur leurs avenirs et plus généralement sur celui de la société.

L’accès à des possibilités d’apprentissage en temps de crise sauve et aide des vies. Chers haïtiens, il est urgent d’agir pour qu’une éducation de qualité inclusive et équitable reste une priorité de la réponse humanitaire et de l’aide au relèvement des  personnes déplacées à l’intérieur du pays. Cette action consiste en partie à réduire les risques de catastrophe dans le secteur de l’éducation afin de préparer les écoles et les autorités éducatives à faire face aux dangers, à atténuer leurs impacts et à renforcer la résilience du système haïtien (UNESCO, 2023).

Importance de l’éducation dans les situations de crise ou de violence

On s’accorde à reconnaître que l’éducation est un droit humain fondamental pas un luxe si on croit Partenariat mondial pour l’Éducation. Pour les enfants et les jeunes pris dans des situations de crises, non seulement l’éducation assure une continuité pédagogique, mais elle procure aussi un sentiment de normalité et la clé d’un autre avenir. Ce sont les connaissances, les compétences et le soutien acquis par l’éducation qui permettent aux différentes générations de survivre aux crises et d’emmener le monde vers un avenir durable. Ceci est particulièrement vrai pour les groupes vulnérables que sont les filles, les migrantset les personnes en situation de handicap. Pour l’UNESCO, l’éducation constitue un besoin fondamental immédiat et urgent dans les situations de crise, au même titre que l’alimentation et les services de santé qui doivent faire partie de la réponse humanitaire.

Nous devons prendre conscience et nous livrer plus dans le domaine de l’éducation dans les situations de crise pour éviter que le droit des personnes ( des enfants) à l’éducation ne soit pas entravé.

Influence des situations de crises ou de violences sur le système éducatif haïtien.

Je reprends l’idée de l’UNESCO en disant qu’en situation de crise, la préparation et la résilience des systèmes éducatifs devraient être mises à rude épreuve. Cependant nous, autres, au niveau du système éducatif haïtien, nous sommes contentés de jan l ye li ye depi pitit mwen nan bon inivèsite lòt bò dlo. Il est au su et au vu de tout le monde que le fameux ministre Nesmy Manigat[2] partage, de préférence, des photos sur tous réseaux sociaux en montrant qu’il est en train de résoudre les problèmes, mais c’est de la politicaillerie (M’AS-TU VU). Mais, Hélas! la masse ne peut rien comprendre à de leurs niveaux d’éducation et de formations .  En Haïti, près de 4 millions d’enfants et de jeunes en âge d’être scolarisés dans le primaire et le secondaire, puisque le pays a touché et continue à toucher par des crises de tout type, n’étaient pas scolarisés, soit près de la moitié de la population haïtienne non scolarisée. Notre système éducatif est en coma et une année scolaire ne termine jamais sans une crise. À son point le plus fort, la COVID-19 a exacerbé cette tendance, empêchant la scolarisation de nos enfants, certes plus de 1,3 milliard d’apprenants à travers le monde ont dû confronter à cette situation, mais en Haïti, comment retrouver ces temps perdus?

À l’échelle nationale, les situations de crises entraînent non seulement la fermeture des écoles et des attaques contre les établissements d’enseignement, mais elles se traduisent aussi par une réduction du financement de l’éducation, ce qui a finalement un impact sur la qualité de l’éducation (UNESCO, 2023). Aux niveaux régional et national, les situations de crises exacerbent les inégalités préexistantes et réduisent encore l’accès à l’éducation des groupes les plus marginalisés. Les situations de crise entravent souvent la capacité de planification des gouvernements nationaux. Pourquoi les instances ne travaillent pas en étroite collaboration avec les ministères de l’éducation ainsi qu’avec ses partenaires au sein de mécanismes régionaux et internationaux, pour permettre la poursuite d’une éducation de qualité, inclusive et équitable, même dans des circonstances difficiles?

Quel est le rôle des technologies numériques dans tout ça?

Sans le numérique, la pandémie et le confinement auraient pris un tout autre visage dans le monde. Qui aurait pu imaginer qu’aussi rapidement des dizaines de milliers d’étudiantes et d’étudiants, élèves allaient suivre leurs cours à distance ? Des classes en confinement du primaire aux journées en alternance au secondaire, en passant par l’enseignement à distance dans les collèges et les universités, le numérique a été présent pour le meilleur et pour le pire.

Et nous en Haïti, en ce moment où le contexte sociopolitique créé par des hommes, sans conscience voire science, ayant leurs fils dans les grandes universités à l’étranger, empêchent les enfants de la masse à prendre le chemin de l’école en disant que la barricade est notre avenir (Nou mèt redui peyi a an sann, André Michel, 2021 & Nou mèt boule peyi a ma ede nou konstui l paske m gen anpil lidè peyi (sid-sid yo) ki zanmi m, Moïse Jean Charles, 2024).

Paran ak elèv yo padan n ap mande leta pou peye profesè yo, nou dwe vijilan, fòk nou ka remake depi plizyè semèn pa gen ni siklòn, ni tranblemen tè, men lekòl fèmen, nou menm aktè edikatif ak paran yo nou dwe enkyete nou pi plis toujou paske anpil kandida oubyen moun kap fè politik pran lekòl ki fèmen an, kòm estrateji pou fè kanpay ak pou pran pouvwa. Pouvons-nous continuer, en ce plein XXIe siècle, dans ces pratiques de barbarie? Est-ce que la technologie ne pourrait pas nous aider à sauver les jours de classe en ces moments de violences?

Pourquoi ce manque d’intérêt à la technologie?

L’Organisation Global Partnership for Hope (GPH) dont je suis le président, croit qu’il est indéniable que la révolution numérique et la révolution du changement de mentalité pour une conscientisation commune en Haïti soient concrétes et pour que nos enfants soient toujours à l’école. Dans un contexte où Haïti doit relever de nombreux et importants défis: crises sociopolitiques, extrême pauvreté, vulnérabilité environnementale lutte contre l’insécurité et le banditisme, le numérique se profile comme un moteur potentiel du développement du pays.


Nous avons besoin d’organiser plus d’ateliers pour rassembler des responsables gouvernementaux, des acteurs du secteur privé, des représentants de la société civile, des médias, des experts universitaires et des chercheurs spécialisés dans le développement numérique afin de mobiliser les acteurs du secteur numérique en Haïti pour élaborer une stratégie nationale inclusive et efficace.


Comme a si bien dit l’ingénieur Joses Jean Baptiste, Directeur général du CONATEL:

« […] la transformation numérique est un puissant levier pour améliorer le service public en Haïti. Cette transformation change fondamentalement la façon dont l’État sert ses citoyens et citoyennes. Compte tenu des besoins de toutes sortes de l’administration publique haïtienne, la transformation numérique s’impose à la fois comme un raccourci pour atteindre la destination et un accélérateur de mouvement » (JEAN BAPTISTE, CONATEL, 2023).

 

Il faut anticiper l’évolution constante du monde numérique, un atout essentiel pour réduire les disparités et ne laisser personne de côté, car la fracture numérique constitue une entrave à la réduction des inégalités.


Haïti fait face à un retard significatif par rapport à ses objectifs de développement en raison de multiples crises. Malgré des avancées notables dans les télécommunications, notamment l'accessibilité à la téléphonie mobile et à Internet, il reste encore beaucoup de potentiels d’amélioration.


Selon ce même Joses Jean Baptiste en 2023, le nombre d’utilisateurs de connexions mobiles, d’Internet et des réseaux sociaux a augmenté faiblement de 2021 à 2022 en Haïti. En 2022, plus de 65% des utilisateurs avaient accès à des connexions mobiles contre 64% en 2021. Par ailleurs, le taux d'utilisation d'Internet est passé de 37% à 41.40% sur la même période.  

Ces moments de crise que connait le pays, nous devrions profiter le numérique pour combler ces jours manquants à l’école, même si la qualité n’est pas au top, mais tout le monde aurait l’accès, parce qu’on ne pas parler de la qualité sans que tout le monde n’a pas d’accès. Les technologies numériques peuvent aider à simplifier les tâches quotidiennes telles que les courses, les paiements, la gestion des finances, etc. Faciliter l'accès à l'information: le digital peut nous permettre d'avoir accès rapidement et facilement aux informations.

 

Un regard sur le contexte sociopolitique en Haïti

Mes chers lecteurs et Haïtiens, Haïti possède une culture riche et caractérisée par la créativité de ses artisans, de ses peintres et de ses musiciens ainsi que par le dynamisme de ses petites entreprises, elle traverse des périodes difficiles qui obligent les Haïtiens à faire preuve de courage et de détermination, donnant une place importante à l’éducation et à l’amélioration des conditions sociales. En effet, au cours des vingt dernières années, la performance économique d’Haïti a été faible pour ne pas dire catastrophique, déjà compromise par des politiques économiques inadéquates et des conflits politiques internes, l’ingérence étrangère, les catastrophes naturelles, la situation s’est encore détériorée pendant les cinq dernières années donnant place à 1’inflation généralisée, au ralentissement de l’exportation commerciale, à la désintégration du système de recouvrement de l’impôt ainsi que du contrôle des dépenses fiscales et à la rapide dégradation de l’infrastructure économique et sociale.

Les enquêtes-ménages étant rares en Haïti, il existe des lacunes importantes en matière de données relatives aux professionnels des domaines confondus qui étaient, pourtant un puissant moteur de développement pour le pays, ont dû abandonner leurs fonctions à cause de l’insécurité généralirasée. Questionnant quelques-uns, ils relatent que” même les policiers ne sont pas à l’abri, et nous les civils?

 Des pertes de cerveaux doivent, être aussi enregistrées au niveau des universitaires forcés de quitter le pays en raison de l’insécurité grandissante.

Une augmentation du chômage fait en quelque sorte augmenter l’incidence de la pauvreté (qui excédait déjà les 58% de la population haïtienne). Et comme l’aggravation du chômage et de l’incidence de la pauvreté s’accompagne dans une certaine mesure de celle de l’insécurité alimentaire, le nombre d’Haïtiens en insécurité alimentaire, estimé à 4.4 millions depuis le début de l’année 2021, s’explose sans doute.

La discrimination, la pauvreté, la mauvaise qualité des services de l’éducation et une mauvaise gouvernance tout comme les conflits armés ou l’instabilité politique participent à l’abandon scolaire et à l’exclusion sociale. Ils empêchent les enfants à avoir l’accès à l’éducation et à d’autres services essentiels. Lorsqu’ils sont privés de ces services, ou lorsque ces services fonctionnent mal, les enfants sont plus vulnérables face à la maltraitance, à l’exploitation et à l’exclusion scolaire et sociale. Et, les politiciens influencent les jeunes vulnérables lors de l’élection en profitant cette période pour les armer et ces jeunes abandonnent l’école.

Semblerait-il qu’Haïti ne sortira pas de cette culture d’insécurité.

Le chaos qui accompagne un conflit armé ou une culture d’instabilité politique menace gravement la survie et le bien-être des enfants. Ce chaos compromet leur accès à l’éducation et à d’autres services essentiels. En effet, Haïti vit une situation d’instabilité politique grave à nulle autre pareille. Ils pataugent dans une insécurité accrue. Ce qui ne favoriserait aucun investissement important dans le milieu éducatif. Et, le pays s’enlise, au jour le jour, dans la misère et dans l’incapacité économique. Les parents les plus pauvres, pour leur part pris dans une situation économique précaire, ne peuvent subvenir aux besoins quotidiens.

Donc, nous sommes conscients que l’instabilité de la situation politique et le caractère insécuritaire qui sévit le plus souvent en Haïti ont des conséquences néfastes sur la protection sociale et sur l’éducation. Ainsi, l’abandon scolaire, tel que le mentionnent les statistiques dans le pays, est parmi tant d’autres problèmes criants que facilite le climat de l’instabilité politique.

Ces dernières années d’instabilité sociopolitique, économique et environnementale ont eu de graves conséquences sur l’éducation. Des classes ont été interrompues, des écoles ont été détruites et de nombreux enfants des familles très pauvres ont dû abandonner l’école, mais (à cause du) grâce au programme humanitaire des USA dénommé Humanitarian Parole Program communément appelé Programme Biden, ceux qui ne trouvent pas un sponsor et d’autres qui ne pouvaient plus attendre la confirmation de leur cas ont obligé de transiter vers plusieurs pays de l’Amérique latine en passant soit en/à P.au.P/République dominicaine (malgré le conflit éclatant en République dominicaine et Haïti pour la construction du canal sur la rivière massacre), Panama,  Nicaragua, Honduras, à Guatemala pour arriver au Mexique et parfois traversent à pied, dévorés par des bêtes/arbres sauvages, en arrivant au Mexique, ils prennent un rendez-vous via CBP one pour arriver aux USA« eldorado ».

Parfois rapatriés par les autorités du pays de transit ou d’accueil à titre d’exemple le Mexique et les USA sous le pont à Del Rio, au Texas (2021), on a assisté à des mauvais traitements des milliers haïtiens qui sont le plus souvent des professionnels et élèves (décrocheurs). On compte depuis  janvier 2023 à nos jours, plus de 144.000 Haïtiens sont déjà approuvés pour voyager et plus de 138.000 sont déjà arrivés aux USA, mentionne (USCIS, 2024)

Selon (Le Nouveliste, 2023):

même les professeurs ne peuvent plus répondre aux besoins de leurs familles; comment leur demander de rester dans le pays? Il y a des recteurs qui ont des dettes, des hypothèques à la banque qu’ils ne peuvent plus payer. Forcément ces recteurs vont partir. Des universités connues de la place ont déjà fermé leurs portes. Ce qui arrive droit sur nous, c’est le désastre total sur le plan social, économique et sur l’avenir de l’État haïtien.

 

Aujourd’hui, il n’y a presque plus de professeurs pour dispenser les cours dans les universités haïtiennes. Les professeurs de l’enseignement supérieur sont déjà des parias. Ils sont décapitalisés à cause des turbulences politiques depuis cinq ans. 80% d’entre eux ont dû quitter le pays. Ceux qui restent ne font que jouer la carte de la résistance», a déclaré, sur Magik 9, Jean Robert Charles, président de la Conférence des recteurs, présidents et dirigeants d’institutions d’enseignement supérieur haïtiennes (CORPUHA), intervenant sur la situation des universités haïtiennes (JEAN ROBERT CHARLES cité par LENOUVELISTE, 2023).

 

Nous devons donner place au dialogue pour sauver Haïti puisque nous sommes convaincus que l'éducation peut réduire la pauvreté et participer à la stabilité du pays. Elle permet à l'enfant de s'insérer dans le tissu socio-économique local et d'accéder à un emploi stable et durable. Elle stimule la productivité, l'innovation et l'entrepreneuriat.

Mode de vie des familles haïtiennes et la situation de misère

Dans le contexte du pays, les familles ne sont pas égales face à l’offre scolaire comme si leur manque de formation ne suffisait pas: le nombre de places disponibles, l’éventail du choix selon les différents types d’écoles (privé/public, religieux/laïc) et les degrés d’enseignement varient considérablement d’une région à l’autre, du milieu rural au milieu urbain. Elles ne sont pas égales non plus quant au capital économique ou relationnel qu’elles peuvent mobiliser en vue de la scolarisation de leurs enfants.

En effet, en raison de la faible capacité d'accueil des institutions scolaires publiques, beaucoup de familles sont obligées de se tourner vers le privé. Une telle situation est très bénéfique aux directeurs d'écoles privées qui en profitent pour s’enrichir. Et l’augmentation continuelle des frais de scolarité au niveau de ces pays à cause de l’incapacité de l’État à réguler et contrôler comme il convient le système éducatif va sans doute avoir un impact négatif, à long terme, sur les catégories les plus défavorisées.

À côté des contributions annuelles à des frais de scolarité, les parents doivent également faire face à d'autres problèmes : l'uniforme, le transport et le coût des manuels scolaires. En effet, les manuels scolaires coûtent également très cher. Malheureusement, ce sont les enfants qui en paient les frais. Ils sont contraints d’abandonner parce que, dans une telle situation, il est donc impossible à un parent ouvrier, dont le salaire minimum complètement insuffisant en Haïti (750 gourdes) d'envoyer ses enfants à l'école. Même s'il arrive à lui trouver une place dans une école publique, il doit encore faire face au coût très élevé des manuels scolaires, du transport, etc.

C'est ce qui explique que bon nombre d'enfants en âge scolaire n'ont jamais accès à l'éducation préscolaire ou primaire; ou tout simplement ceux qui y étaient, abandonnent faute de moyens, et dans ce contexte sociopolitique ceux qui sont d’une famille aisée, peuvent-ils se rendent à l’école?. En Haïti, seulement 45% de la population âgée de 6 ans et plus ont fréquenté un établissement scolaire. Par ailleurs, sur l'ensemble de la population âgée de 5 ans et plus, 37,4 % n'ont eu aucun niveau de formation. Il est évident que le taux d'enfants non scolarisés est encore augmenté durant ces années puisque les conditions de vie de leurs parents se détériorent de plus en plus.

Donc, en Haïti, les revenus de nombreux ménages sont fortement affectés par la détérioration des conditions économiques et l’instabilité politique des dernières années. En effet, les inscriptions pour les enfants et les jeunes sont à la baisse au cours de ces dernières années, les ménages les plus pauvres se trouvent aujourd’hui dans l’impossibilité d’assurer la scolarisation de leurs enfants.

 

CONSIDÉRATION FINALE

Le système scolaire haïtien, s’il veut vraiment produire, sans hypocrisie, des citoyens à la hauteur de notre digne histoire, doit travailler sur l’imaginaire de chaque élève haïtien, les faire comprendre que rien ne vaut l’éducation, aplanir les barrières sociopolitiques et non les rehausser. Certes, revendiquer est un droit constitutionnel, mais il faut garantir l'accès à l'éducation des nos enfants pour ne pas être au summum de la barbarie, car l'éducation est un droit fondamental, un puissant vecteur de développement,  l'un des meilleurs moyens de réduire la pauvreté, d'élever les niveaux de santé, de promouvoir l'égalité entre les sexes, le respect de soi même, l’égalité des chances et de faire progresser la paix et la stabilité. Il est évident et triste que le niveau de nos élèves soit en chute, et chaque jour de classe perdu n’est qu’une catastrophe de trop. Nous devons le dire haut et fort qu’il est une atteinte au droit des enfants à l’éducation.

 

NOTES DE RÉFÉRENCE

APPOLON. I. , 2017, Impact de l’abandon scolaire comme facteur d’exclusion en Haïti : cas du système scolaire haïtien, Cap-Haïtien, Travail de licence à l’Université Publique du Nord au Cap-Haïti (UPNCH).

HL/ HaïtiLibre, CONATEL  Joses, J.B.; 2023, Haïti - Politique : Le numérique moteur potentiel du développement d’Haïti, accés le 17/02/2024 https://www.haitilibre.com/article-40577-haiti-politique-le-numerique-moteur-potentiel-du-developpement-d-haiti.html,

Hauteville. J.M, 2024, En Haïti, des manifestations meurtrières pour demander la démission du premier ministre, Ariel Henry, Fort-de-France (Martinique), correspondant), au journal LE Monde. Accès le 17/02/2024 lien: https://www.lemonde.fr/international/article/2024/02/08/en-haiti-des-manifestations-meurtrieres-pour-demander-la-demission-du-premier-ministre-ariel-henry_6215432_3210.html

UNESCO, 2023, Ce qu’il faut savoir sur l’éducation dans les situations d’urgence, Accès le 17/02/2024  https://www.unesco.org/fr/emergencies/education/need-know

Jean junior, C. 2023, La crise de l’enseignement supérieur va emporter la République, déconstruire la nation haïtienne», prévient le président de la Corpuha, Port-au-Prine, Haïti. Accès le 17/02/2024

https://lenouvelliste.com/article/245520/la-crise-de-lenseignement-superieur-va-emporter-la-republique-deconstruire-la-nation-haitienne-previent-le-president-de-la-corpuha

USCIS, 2024 https://www.uscis.gov/ accès le 13/02/2024


[1] (Militaire) Jour où une opération importante commence ou doit commencer. (Histoire) (En particulier) 6 juin 1944, jour où a débuté le débarquement allié en Normandie lors de la Seconde Guerre mondiale. (Par extension) Jour d'exécution d'un projet.

[2] Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Profesionnelle (MENFP) en Haïti.

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