La lecture à l'Institut Français d'Haïti (IFH): Réminiscences et prospectives

Pavillons intérieurs du nouveau local de l'Institut Français d'Haïti (IFH) au Bois-Verna 

Selon le Docteur Augustin Mathurin, l’Institut Français d’Haïti (IFH) a été fondé le 28 septembre 1948 avec le Docteur Pierre Mabille comme Directeur. Le Docteur Mathurin nous apprend  en effet que cette institution « réalise un programme intense de développement culturel et d’aide à la jeunesse universitaire. Il accorde des bourses de perfectionnement aux étudiants, organise des conférences instructives pour le public.  Ayant  fonctionné d’abord au Petit-four,  il a été transféré dans son nouveau local  à la Cité de l’Exposition le 14 février 1950, date de  son inauguration lors des fêtes du bicentenaire de Port-au-Prince »[1]. D’après  l’historien des relations internationales Weibert Wien Arthus, « le 3 mars 1952, l’Institut s’installe dans un bâtiment beaucoup plus spacieux, situé au bicentenaire, inauguré en présence du président haïtien Paul-Eugène Magloire. Ce nouveau  local héberge un auditorium théâtre de mille places, un hall d’exposition, des salles de cours, un laboratoire, une bibliothèque et une médiathèque. La bibliothèque de l’institut contient un fonds de plus de 20. 000 ouvrages et périodiques »[2].  Les moins jeunes, ou encore les adultes d'un certain âge, pour ne pas dire d'un âge certain, se rappellent sans doute de cette période où le local de l'Institut Français d'Haïti (IFH) se trouvait à l'Avenue Marie-Jeanne, Cité de l'Exposition du Bicentenaire de la Ville de Port-au-Prince. C'était alors au Rond-Point du Bicentenaire, en face du fameux restaurant du même nom, le Rond-Point Restaurant, où se performait en fin de semaine le groupe Les Shleu-Shleu de Dada Djacaman et plus tard le Bossa Combo avec des succès comme Accolade,  Permanente et Chère Madame...En face toujours, il y avait le restaurant Le Belvédère scintillant de mille feux. Le bâtiment de l’Institut Français d'Haïti, un modèle d'architecture, sur ses deux étages, s'illuminait aussi des prestigieux feux du savoir, de la connaissance, de l'art, de la culture et de l'intelligence. Une véranda donnait accès à la grande salle d'accueil ornée de superbes et immenses tableaux du grand peintre haïtien Frankétienne et de tapisseries magnifiquement ornées de motifs divers fabriquées en Haïti, à Thomassique. Ce grand espace indiquait trois directions: la grande salle  de théâtre, totalement acoustique, l'entrée pour l'espace circulaire où se tenaient les expositions de peinture et le grand hall menant à la fameuse bibliothèque qui se retrouvait jusqu'au fond. C'était alors un grand espace rectangulaire donnant sur la mer que l'on admirait à travers une baie vitrée. L'espace de la bibliothèque était totalement climatisé avec des tables de lecture ayant des supports de verre et des fauteuils soutenant des coussins moelleux, agréables,  absorbant pratiquement tout le corps. L'espace était vraiment aménagé pour le plaisir de la lecture et, à l'intérieur, les lecteurs, absorbés par  l'exploration et l’absorption des choses de l'esprit dans une sorte d'atemporalité, ne sentaient pas s'écouler le temps. Ce que leur rappellera  la sonnerie indiquant que la journée de lecture était bien terminée. Dans un tel environnement, c'était toujours un plaisir immense de lire un bon magazine fraichement arrivé de France dans son fauteuil pendant que l'on admire les bateaux qui laissent le port ou encore les embarcations des pêcheurs sur la mer d'un bleu foncé… Tous les samedis, à 10 heures AM, il y avait des séances de projection de films d'auteurs dans la salle de théâtre. Après la projection, il  y a eu des débats  sur des aspects du film animés par M. Ralph Boncy. Les mardis, à partir de 4 heures PM, il y a eu le célèbre programme « Les mardis de l'Institut » ou des conférenciers de renom, haïtiens ou étrangers, présentaient des causeries sur des sujets d'actualité. Ensuite, il y a eu l’espace  Les vendredis du livre au cours duquel un livre est commenté, chaque vendredi après-midi, par M. Maximilien Laroche. Les écoliers, intellectuels, chercheurs, journalistes, poètes, écrivains, participaient régulièrement aux différentes activités de l’Institut Français d’Haïti (IFH). Il faut ici avoir une pensée spéciale pour M. Milien[3]. Les élèves du Lycée Toussaint Louverture affluèrent par groupes d'amis et de promotions à ces conférences. Je me souviens toujours de la conférence prononcée par M. Bob Nérée au cours de l’année 1981 avec des interventions de M. Carlo Désinor du Nouvelliste, sur le journalisme, à une l'époque où le conférencier Nérée était lui-même animateur-vedette de la chronique très prisée, La politique des autres[4], sur les ondes de Radio Métropole, alors au bas de la Rue pavée[5]. Ou encore de la conférence  tenue par le grand écrivain français  M. Alain Robbe-Grillet sur le Nouveau roman en 1984. Parfois, durant l'administration de M. Henri Micciolo, les activités se tenaient en duplex, parfois même en triplex. Car l'Institut Français d'Haïti (IFH), au cours la période que nous évoquons brièvement, donnait l'aspect d'une ruche: on y  sortait d'une activité culturelle pour en rejoindre une autre. Le souvenir de l'exposition des jeunes peintres en 1983, avec notamment les conférences de  M. Michel-Philippe Lerebours, de M. Webert Lahens[6] et de M. René Passeron venu directement de France pour l'occasion, est encore présent  dans les mémoires de plus d'un. Dans cet espace, des artistes de renom comme Richard Anthony, Georges Moustaki, Diane Tell ont performé devant un public enthousiaste. Des pièces de théâtre de l’écrivain Frankétienne comme Bobomasouri, Kaselezo ont été  présentées dans des mises en scène de M. Jean-Pierre Bernay. L’écrivaine et dramaturge Mona Guérin y a présenté également des pièces de théâtre fort appréciées.

Le chanteur Emmanuel Charlemagne (Manno Chalmay) y avait connu sa consécration dans les spectacles de poésie de M. Richard Brisson. Le premier spectacle public de « musique Racine » a eu lieu  sur la scène de l'Institut Français d'Haïti (IFH)  avec le Groupe Foula. Par la suite, il y a eu  les spectacles de Samba Yo et de Ça.  Des musiciens  français en tournée y ont interprété, devant un public chauffé à blanc, les grands succès de Georges Brassens et de Jacques Brel. Le chanteur Georges Moustaki, avec sa « gueule de métèque », y avait enflammé l’assistance en un tour de chant mémorable se terminant en apothéose avec des tubes comme Le vieux Joseph et Liberté. Inoubliable. Les musiciens Daniel et Amos Coulanges y ont présenté de grandes performances de la musique classique et folklorique avec leurs guitares magiques. La salle de théâtre de l'Institut avait accueilli les réalisations inoubliables du grand acteur et metteur en scène Hervé Denis dans la fameuse pièce d'Aimé Césaire, La Tragédie du Roi Christophe avec la participation  remarquée de l'acteur Marcel Casséus, Lobodyabavadra. Il ne faut pas oublier non plus les ventes de signature des ouvrages de l'historien Roger Gaillard dont la série « Les blancs débarquent » faisait déplacer « le tout Port-au-Prince »[7]. C'était tout cela, l'Institut Français d'Haïti (IFH) dans l’aire du Bicentenaire.

Quant à la bibliothèque de l'Institut, elle était immense, bien éclairée, bien climatisée et bien pourvue. A l'entrée, il  y avait tout un coin de livres pour enfants et pour les jeunes avec, entre autres, toute la collection, en plusieurs exemplaires, des Aventures de Tintin par Hergé, que des adultes prenaient un grand plaisir à lire. Il y avait après cela une grande table avec tous les grands titres de la presse française: Le Point, l'Express, Le Figaro, Le Monde,  Le Monde Diplomatique, France-Football, Salut, Afrique-Asie, Jeune Afrique, Le Nouvel Observateur. Il y avait des numéros réguliers de la revue Historia dans lesquels j'ai pu savourer des articles d'Alain Decaux, d'André Castelot, de Philippe Erlanger, d’André Maurois, du duc de Castries, du duc de Lewis-Mirepoix, du Dr Cabanès,  sans oublier la présentation mensuelle des livres d'histoire et des disques par le directeur de la Revue, M. Christian Melchior-Bonnet. Au fond, il y avait la collection de la Revue de l'Institut Français d'Haïti, Conjonction qui publiait et publie toujours des articles de grande portée littéraire ou scientifique pouvant aider les étudiants dans leurs mémoires ou leurs recherches. Au fond de la grande salle, nous retrouvons les étagères remplies de livres bien arrangés selon le modèle de la Classification Décimale de  Melvil Dewey : Philosophie,  Droit, Economie, Sciences sociales, Littérature, Histoire, Physique, Médecine, Agronomie, Beaux-Arts,  Cinéma, Science et technologie etc...La grammaire Le Bon Usage, en plusieurs exemplaires, de M. Maurice Grevisse y était particulièrement consultée, surtout quand les étudiants rédigèrent leurs devoirs. Au centre de la ligne de fond se trouvait le bureau du bibliothécaire, vigilant et extrêmement mobile sur sa chaise tournante. Il contrôle  tout, reçoit les demandes de prêt, remplit les fiches, y appose le sceau et se déplace de temps en temps pour aller chercher des ouvrages pour des lecteurs. Rare adéquation entre les ressources et les services dans un centre documentaire en Haïti. C'était cela, la bibliothèque de l'Institut Français. Toutes les collections de Lagarde et Michard et de Castex et Surer pour la littérature française étaient disponibles en plusieurs exemplaires. Il en est de même des ouvrages de Corneille, de Racine, de Molière, de Voltaire, de Jean-Jacques-Rousseau ou de Victor Hugo. Il en est de même des ouvrages d’auteurs haïtiens comme ceux de Jacques Roumain, de Frankétienne ou du Dr Pradel Pompilus.  Ce qui rendait un service énorme aux écoliers de la capitale dans un contexte où les livres classiques étaient d'un accès difficile pour les moyennes et petites bourses. Ainsi, l'on revenait toujours de la bibliothèque de l'Institut Français très satisfait et bien pourvu de notes manuscrites dans un contexte où il n'y avait pas de bibliothèques scolaires dans la totalité des lycées de Port-au-Prince, à part l'expérience de la bibliothèque de l'Amicale du Lycée Pétion qui a dû discontinuer ses activités par la suite.

Le temps a passé. Des évènements malheureux se sont produits au pays et secoué  la ville de  Port-au-Prince et toute la zone du Bicentenaire en particulier. Les établissements, les entreprises, les bureaux d'assurances, les cabinets d'avocats, les bars et restaurants, les bureaux de journaux ont laissé la zone en catastrophe. Les Archives Nationales d'Haïti (ANH), ont dû plier bagage. La violence ravage la zone. Les tas d'immondices s'y amoncellent. Toute l'aire du Bicentenaire est pratiquement abandonnée. C'est tout simplement un désert ponctué le jour et la nuit de rafales d’armes automatiques. La Chapelle Fatima s'y maintient encore, mais à quel prix!  L'Institut Français d'Haïti, dans un tel contexte, a dû déménager, lui aussi, pour installer ses pénates au Bois-Verna, à l'angle de la ruelle Robin, tout près de la Place Hector Hyppolite, dans un espace récemment aménagé. Nous nous sommes rendus en plusieurs occasions dans les nouveaux locaux. On a pris des précautions pour construire les récents bâtiments avec des matériaux spéciaux en prévision de possibles séismes. Ce qui est compréhensible.  Mais, disons-le clairement. Ce ne sont  plus les fastes d'antan de l'âge d'or de l’Institut Français d'Haïti (IFH) au Bicentenaire. Les locaux sont petits, exigus même. C'est ce qui arrive dans l'espace de la bibliothèque. Le poète François Villon aurait dit : « Où sont les neiges d'antan? ». Tout ce que l’on a pu observer laisse à comprendre que les constructions sont encore provisoires.

En termes de prospectives, je pense personnellement que les Responsables de la  France doivent  sérieusement réviser leur cadre de  coopération avec Haïti, un pays qui avait joué un rôle historique déterminant dans l’avènement de la francophonie[8]. Les Responsables français ne  doivent pas l’oublier  et rester dans le cadre  étroit  et surtout  conjoncturel des 21 propositions du Rapport de M. Régis Debray[9].  Ils pourront alors établir un nouveau cadre cohérent, global et sérieux de coopération entre la France et Haïti « dans l'intérêt supérieur des deux pays et des deux peuples » comme dirait l'Ambassadeur M. Guy Alexandre. Alors, les contentieux historiques pourront être abordés, traités et négociés dans la plus grande sérénité et le respect mutuel.  La langue française, contrairement à ce qui se dit, n'a pas substantiellement reculé en Haïti d’après mes propres constatations.  D'ailleurs, la grande écoute de Radio France Inter (RFI)[10] dans le pays, particulièrement au sein de la jeunesse intellectuelle et universitaire, le prouve. Les jeunes qui affluent aux cours de langue française à l'Institut Français d'Haïti (IFH) et dans d'autres centres d'enseignement et écoles de communication du pays le prouvent encore. Chaque année, de nombreux jeunes se rendent en France en vue de poursuivre leurs études universitaires. Bon nombre d'entre  eux reviennent en Haïti avec leur diplôme de maitrise ou de doctorat et enseignent dans les universités du pays. C’est une bonne chose. Dans de nombreuses familles haïtiennes, la langue française est toujours parlée au quotidien et dans une forme de « coexistence pacifique »  avec la langue créole. Ainsi, l'avancement du créole qui est réel, hautement louable et qu’il faut continuer à supporter fermement, n'implique pas,  nécessairement, l'effacement du français. Bien au contraire. Ce, dans la perspective d'un aménagement linguistique cohérent et structuré comme le pensait et le prônait un intellectuel distingué comme le Docteur Pradel Pompilus. Dans la perspective d’un renouveau des relations entre la France et Haïti, il faudra bien un nouvel espace pour organiser les ressources et les services documentaires de la bibliothèque de l'Institut Français d'Haïti (IFH). Le journaliste Chancy Victorin dans les colonnes du Nouvelliste du 12 juillet 2015 nous a appris que  « Pour François Hollande, le président français, et toute l’équipe aussi, l’espace [l'Institut Français d'Haïti]  est trop étroit au regard de son succès. Au cours de son passage chez nous le 12 mai 2015, le chef d’État de la France a annoncé que l’IFH établira ses quartiers au Manoir des lauriers, à Bourdon (résidence de l’ambassadeur Français en Haïti) »[11]. Nous  nous réjouissons d'une telle initiative et attendons sa  mise en œuvre avec grande salle de lecture, salles de consultation sur Internet, de projection de films, d'exposition de peinture, de gestion des documents électroniques et des bases de données, de magasins pour les ressources documentaires et une alimentation régulière de la grande presse écrite française. Nous recommandons la reprise du service des prêts d’ouvrages à domicile pour les étudiants, les écoliers et autres membres de la communauté haïtienne. Enfin, nous recommandons la reprise  du support de l'Institut Français d'Haïti (IFH) aux cours de langue française dans les Facultés et Écoles supérieures d'Haïti. Ce, dans le cadre de la poursuite d’une excellente tradition de support à la lecture et à la connaissance qui avait fortement caractérisé la grande Bibliothèque de l’Institut Français d’Haïti (IFH), à une époque  où cette institution se retrouvait au sein d'une certaine Cité de l'Exposition du Bicentenaire de la ville de Port-au-Prince, Cité érigée avec l'effort national, à la fin des années 1940, par  le Président  Léon-Dumarsais Estimé.

 

Jérôme Paul Eddy Lacoste

Documentaliste, Responsable académique de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti (UEH)  

 

NOTES

[1] Docteur Augustin Mathurin (1972). Assistance sociale en Haïti : 1804-1972.  Imprimerie des Antilles, Port-au-Prince, p. 220. 

2 Weibert Arthus (2021). Haïti et le monde : deux siècles de relations internationales. Port-au-Prince. P. 177.

3Tous les habitués de la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH) ou de l’Institut Français d'Haïti (IFH) des années 1980 connaissaient bien ce curieux personnage désigné par le nom de M. Milien. Avec sa valise chargée de documents, sa veste ouverte sur sa poitrine, il était toute la journée dans les bibliothèques publiques du pays : à la Bibliothèque Nationale d'Haïti (BNH), à la Bibliothèque Haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne (BHFIC), à la Bibliothèque de l'Institut Haïtiano-Américain et à la Bibliothèque de l'Institut Français d'Haïti (IFH). Il lisait assidument et prenait des notes dans d'énormes cahiers. Il était devenu ainsi un véritable érudit dans des sujets les plus divers. Quand il prenait la parole ou questionnait un conférencier à l'Institut Français d'Haïti (IFH) ou dans n'importe quelle conférence publique, c'était alors un évènement, un véritable « duel intellectuel » comme le concevait alors l'éminent  Professeur Dr Rony Durand…Les  moins jeunes se rappellent donc d’un « duel intellectuel »  célèbre entre M. Millien  et le Dr Grégoire Djengele Matsua lors d’une conférence présentée par le Dr Jean Baptiste Romain sur le vaudou à l’Auditorium de l’Institut Pédagogique National (IPN). De bons souvenirs…

4 Après la grande rafle et la répression des journalistes du 28 novembre 1980, Radio Métropole avait cessé de couvrir l'actualité nationale. La station diffusait seulement des nouvelles internationales. Dans ce contexte, M. Bob Nérée avait  institué une chronique  journalière, La politique des autres, au sein de laquelle le journaliste  analyse chaque jour un évènement ou une situation dans un pays du globe. La bonne connaissance des dossiers internationaux de part de M. Nérée, sa façon particulière de traiter certains événements dans certains pays comme par exemple les Philippines de Ferdinand Marcos, l'Amérique Latine des dictatures militaires ou encore la Caraïbe agitée des années 1980, les intonations et timbre de sa voix,  tout cela donnait une « étrange impression » que « la Politique des autres » n'était pas seulement celle « des autres », et que « les uns » y étaient également concernés, très concernés, dans la chronique quotidienne. Ce qui assurait la popularité de la chronique parmi les universitaires, écoliers et chercheurs d’horizons divers.   

5 La Radio Métropole, alors au bas de la  rue Pavée, à l’étage du célèbre Magasin Madame et Mademoiselle, durant la conjoncture des années 1970-1980, de par la diversité, la portée et la qualité de ses émissions, exerçait une grande influence sur la jeunesse scolaire et universitaire de l’époque. Il faut se rappeler ici les émissions de M. Maurice Duviquet et son épouse Mme Andrée Duviquet, de Mme Micheline (Mimi) Widmaier et de Philippe Jean-François, de Mme Michelle des Essarts sur le livre et l'actualité culturelle, de la revue de la presse internationale, de la couverture des élections américaines et dominicaines par le docteur et historien Georges Michel et les instructives émissions sportives de M. Jean-Claude Sanon et du docteur Yves (Dadou) Jean-Bart. Il faut se rappeler la première émission de M. Daniel Marcelin (Musique et Potins) après son succès dans le pantomime au Rex Théâtre et à l'Institut Français d'Haïti (IFH). Il faut se rappeler l'émission de M. Fritz Valesco (Pitit Fèy) sur l'histoire nationale le dimanche. Sur le plan des divertissements, l’on aura toujours à l'esprit l'émission de Mme Cécile Chalmers (Tambour 129) et surtout la voix de M. Ulrick Jean Baptiste (Ricot), l'animateur fétiche de la musique haïtienne (Et voilà une sélection que l’on aime bien !) à Tambour Battant. C’était le célèbre reportage de M. Bob Lemoine interviewant la petite Mariella après que celle-ci venait d’escalader le majestueux « poteau Sanfil » du Bel-Air. L'on se rappellera du calme olympien et des conseils de M. Lionel Benjamin à nos groupes musicaux durant son émission. Dans la même veine, l'on se souviendra du fameux Bouyon Konsonmen du samedi soir avec d'abord M. Klébert Xavier (votre chef cuisinier Kleberto!) et M. Jacques Jean-Baptiste ensuite. De nombreux albums des orchestres et groupes musicaux haïtiens ont été enregistrés dans les studios de la rue Pavée comme le premier disque du Scorpio Universel de M. Robert Martino avec M. Mushi Widmaier aux claviers comme nous l’apprend M. Ralph Boncy dans son ouvrage La chanson d’Haïti. C’était la période de l’émission Métropole by Night, la diffusion de l’album Essence de Cubano, de celui du GM-Connection avec la chanson Adelina, cette œuvre immortelle de M. Gérard Daniel et de M. Mario Mayala. Radio métropole, c'était alors le lancement du groupe musical Zeklè avec notamment les apports de  MM. Joël et Mushi Widmaier et le célèbre concert du groupe au Rex Théâtre en 1983. C'était la promotion, en été 1985, des nouveaux groupes musicaux haïtiens comme Turbulence, Pirogue avec la chanson Eskalye de  M. Hans Peter, et surtout Splash de M. Sergo Jean-Noel et de  M. Jimmy Jean-Félix avec la chanson Pèsonn. C'était l'excellent mixage du Groupe Dixie Band de M. Tuco Bouzi aux défilés du Carnaval de 1984 et en 1985 par M. Joël Widmaier avec la participation de M. Ronald Rubinel. Radio Métropole, au bas de la rue Pavée, c'était l'époque de La plus longue émission du monde avec l'animateur fétiche M. Jean Camille. C'était Le Trapèze des Etoiles et les émissions sportives de M. Gilbert Fombrun qui est, en fait, le véritable pionnier dans la diffusion des informations sur le Tennis en Haïti. C'était aussi la voix de M. Gilbert Fombrun sur les pages publicitaires des films pour les cinés Capitole et Impérial. C'était  M. Bob Nérée, avec sa fameuse chronique La politique des autres. C'était les éditoriaux de M. Marcus Garcia avant la rafle du 28 novembre 1980. C'était l'émission de Victor Pétion à l'aube du dimanche avec des chansons de choix. C'était le jeu radiophonique Chèche chèk la à la veille de la Noël où la population, les auditeurs sont invités à retrouver des chèques placés en divers endroits des maisons de commerce et des places publiques de la capitale. Radio Métropole, au bas de la rue Pavée, c'était la voix unique de M. Bob Lemoine « toujours sur place où l'action se passe », ou encore sur les plages publicitaires célèbres comme par exemple celle consacrée aux Etablissements Raymond Flambert patronnant les émissions sportives du matin ou de L’agence Citadelle annonçant le Record du jour. C’était la diffusion, à 11 heures 45 AM du menu du Rond-Point restaurant alors à la Cité de l'Exposition du Bicentenaire. C'était la voix unique de M. Lucien Anduze annonçant le hitparade de la musique haïtienne, le Ten Top au Top Compas et réalisant du même coup la plage publicitaire pour la maison de disques Anson du Magasin Sounds of Music, également à la rue Pavée, Paul Anson Junior, Mini records, maxi Sound !. C'était l'émission en langue anglaise  de M. Michael Norton. Radio Métropole au bas de la rue Pavée, c'était le feuilleton radiophonique inoubliable de Mme Mona Guérin, « Roy! Les Voilà! ». Ce feuilleton a eu des interprètes superbes comme Mmes Elisabeth et Christina Guérin, M. Frédéric Surpris, M. Jacques Jean-Baptiste, M. Gérald Alexis, Mme Paulette Poujol-Oriol, M. Daniel Marcelin, M. Joe Damas, sans oublier l'auteure du feuilleton elle-même, Madame Mona Guérin ainsi que l'enregistrement et le bruitage par M. Bernard (Ben) Léon. L'audition de ce feuilleton était devenue une obligation et dès 3 heures PM tout Port-au-Prince était aux écoutes. Radio Métropole, au bas de la rue Pavée, c'était Donna Summer avec son super hit I feel love,  c'était les Bee Gees dont l'utilisation de la musique dans le film inoubliable Saturday Night Fever faisait alors un malheur dans les salles de cinéma de Port-au-Prince avec le danseur John Travolta au sommet de son art. C'était la musique de Kool and the Gang, de Boney M. C'était la diffusion de l'album Thriller de Michael Jackson avec la chanson fétiche Billie Jean. C'était l'émission Dimanche Variétés avec la voix de M. Clarens Renois lançant sur les ondes haïtiennes la chanson inoubliable We are the world. C’était en 1986, l’émission spéciale consacrée au Maestro Nemours Jean-Baptiste avec des acteurs et  musiciens de l’époque. C'était l'émission de M. Georges Léon-Emile (Giorgio) supportant fortement le mouvement de la Nouvelle Génération de la musique haïtienne de la fin des années 1980 et du début des années 1990. C'était les débuts du Magazine économique de M. Kesner Pharel. Le succès de ce magazine pionnier allait amener d'autres stations de radiodiffusion à mettre en place des émissions de formation économique pour les auditeurs. Dans le même contexte, il y a eu M. Juan Manual Nova, desafiendo la tristeza, avec l'émission Metro Meren Salsa. C’était la diffusion en boucle de la chanson Margarita du Portoricain Wilkins de la bande originale du film Salsa avec le danseur Robin Rosa et la participation d’El Gran Combo de Puerto-Rico. Je ne peux pas évoquer Radio Métropole sans ménager une place spéciale  pour l'émission en espagnol de M. Eddy au milieu des années 1980, à 4 heures de l'après-midi, El rincón de la  sonrisa y de la alegría. A un moment où j’apprenais la langue espagnole en autodidacte, j’étais un fidèle auditeur de cette superbe émission. Et le lecteur ne m’en voudra pas trop de lui rappeler les paroles de la bande d'annonce de ce show et qui sont toujours dans ma mémoire : Buenas Tardes, Amables oyentes y aficionados de la buena música latino americana, Viene aquí la locomotora loca con su materia para el gran despliegue musical de la tarde. Para presentar a ustedes, Amables oyentes, cincuenta y cinco minutos de momento feliz, agradable, en el rincón de la sonrisa y de la alegría, con su amigo Eddy… Enfin, je ne pourrai  jamais évoquer la Radio Métropole sans avoir une pensée spéciale pour mon ami M. Claude Innocent, travailleur impeccable, infatigable, metteur en ondes et opérateur perfectionniste, très grand connaisseur de la musique internationale et nationale, El barbudo de la Casa selon l'expression d'un autre grand animateur de la musique haïtienne sur Radio Métropole,  M. Joe Damas. Ces deux spécialistes nous ont laissés. Qu'ils reposent en paix et que la Radio Métropole (également Télé métropole), du bas de la rue Pavée à ses studios actuels de Delmas 52, sous l’actuelle direction de M. Richard Widmaier, continue son parcours, suivant les rêves de M. Ricardo Widmaier et de M. Herby Widmaier.              

6 Le terme d’Ecole de la Beauté est généralement utilisé pour désigner le courant de la peinture haïtienne caractérisé par un certain agencement des formes géométriques et la recherche d’une esthétique visuelle par les sujets, les lignes et le jeu des couleurs. Ce courant a été  initié à partir des travaux de l’artiste Philomé Obin à L’Ecole Nationale des Arts (ENARTS) et renforcé au cours des années 1980 avec les œuvres des artistes comme Jean-Claude Legagneur, Jean-René Jérôme, Bernard Séjourné, d’Emilcar Simil et d’autres. Le terme Ecole de la beauté  pour désigner ce courant de notre peinture est une contribution du professeur Webert Lahens.

7 En juillet 1984, lors de la vente signature du premier volume de la série de la République exterminatrice par l'historien Roger Gaillard à l'Institut Français d'Haïti (IFH), le stock des ouvrages disponibles pour la vente signature était déjà épuisé aux premiers moments. Les organisateurs ont alors envoyé quérir un autre stock à l'Imprimerie Le Natal de M. Robert Malval situé dans la zone de l'Aéroport. Et le public attendait patiemment pendant près d'une heure pour pouvoir retirer son exemplaire de l'ouvrage avec la signature de l’historien Gaillard…Réminiscences d'une certaine Haïti qu'une certaine partie de notre population  n’avait  point connue…. Tempus fugit et rerum edax. (Le temps fuit et emporte toute chose).  

8 Sur cette question, je recommande vivement la lecture du chapitre : « Le Français, langue de travail de l’ONU, grâce à Haïti » de l’ouvrage de l’historien et diplomate de carrière M. Weibert Arthus (2021) Haïti et le monde : deux siècles de relations internationales. De cet important chapitre, nous tirons ce paragraphe assez édifiant : « au cours de séance inaugurale de la conférence de San Francisco [1945], le secrétaire d’État des Affaires étrangères d’Haïti, Gérard Lescot, prononce un vibrant discours en faveur de la France pour laquelle il réclame une place de premier plan dans la  nouvelle organisation mondiale [ONU]. La délégation haïtienne parvient à persuader certains pays  que la France était incapable de convaincre, notamment les nations de l’Amérique latine et de l’Asie, de réfuter l’idée d’une seule langue au sein de l’organisation. « La France vous doit une reconnaissance éternelle », déclare alors Georges Bidault, président de la délégation française [à la délégation haïtienne], pour signifier la portée de cet acte et l’importance qu’il revêt pour la France. Le 27 avril 1945, le Comité directeur de la Conférence admet le français, au même titre que l’anglais, comme langue de travail des Nations Unies ». p. 173. Sans commentaires.

9 Régis Debray (2004). Haïti et la France. Rapport à Dominique de Villepin, Ministre des Affaires étrangères.   Le Professeur Hérold Toussaint avait effectué, avec un groupe d'étudiants en Communication sociale de la Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'État d'Haïti, un travail de commentaires de ce texte.

10 Sous ce rapport, il  faut noter que Radio France International (RFI) a une correspondante permanente en Haïti. Cette station de Radio a une émission quotidienne sur Haïti, Le journal d'Haïti et des Amériques avec des interventions en direct du rédacteur en chef du Nouvelliste M. Frantz Duval et du Responsable d'AlterPresse, M. Gotson Pierre. De plus, il y a  un magazine culturel hebdomadaire, Koze Kilti. Ce magazine de très bonne facture est diffusé en français et en créole. Il était animé au début par M. Dangelo Inrico Néard qui, depuis, a été nommé Directeur-Général de la Bibliothèque Nationale d'Haïti (BNH). Actuellement, le magazine Koze Kilti sur la Radio France International (RFI) est présenté avec le même brio et la même compétence par M. Ritzamarum Zetrenne. Enfin, dans l'émission Couleurs Tropicales, animée par M. Claudy Siar, la musique haïtienne est très présente. Nous avons pu remarquer que l'animateur, M. Claudy  Siar, connait aussi bien la musique haïtienne que l’histoire de notre pays. Il ne tombe pas dans les vieux clichés et les lieux communs et c’est tout à son honneur. Récemment, en septembre dernier, il avait consacré, dans le cadre de son émission,  une semaine entière à la musique haïtienne.  A l’occasion de la mort tragique et brutale du chanteur Michael Benjamin (Mikaben) le 15 octobre 2022, M. Claudy Siar a réalisé une émission spéciale qui a été bien appréciée par les auditeurs en Haïti. Il était d’ailleurs présent au concert et a vécu le drame sur le vif. C'est l'occasion pour nous de dire à M. Claudy Siar qu'il y a un public qui l'écoute régulièrement en Haïti et qui supporte  son travail. 

11 Chancy Victorin.  « L’Institut Français en Haïti a 70 ans ».  Publié le 2015-12-07 | lenouvelliste.com


[1] Docteur Augustin Mathurin (1972). Assistance sociale en Haïti : 1804-1972.  Imprimerie des Antilles, Port-au-Prince, p. 220. 

[2] Weibert Arthus (2021). Haïti et le monde : deux siècles de relations internationales. Port-au-Prince. P. 177.

[3] Tous les habitués de la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH) ou de l’Institut Français d'Haïti (IFH) des années 1980 connaissaient bien ce curieux personnage désigné par le nom de M. Milien. Avec sa valise chargée de documents, sa veste ouverte sur sa poitrine, il était toute la journée dans les bibliothèques publiques du pays : à la Bibliothèque Nationale d'Haïti (BNH), à la Bibliothèque Haïtienne des Frères de l'Instruction Chrétienne (BHFIC), à la Bibliothèque de l'Institut Haïtiano-Américain et à la Bibliothèque de l'Institut Français d'Haïti (IFH). Il lisait assidument et prenait des notes dans d'énormes cahiers. Il était devenu ainsi un véritable érudit dans des sujets les plus divers. Quand il prenait la parole ou questionnait un conférencier à l'Institut Français d'Haïti (IFH) ou dans n'importe quelle conférence publique, c'était alors un évènement, un véritable « duel intellectuel » comme le concevait alors l'éminent  Professeur Dr. Rony Durand…Les  moins jeunes se rappellent donc d’un « duel intellectuel »  célèbre entre M. Millien  et le Dr. Grégoire Djengele Matsua lors d’une conférence présentée par le Dr. Jean Baptiste Romain sur le vaudou à l’Auditorium de l’Institut Pédagogique National (IPN). De bons souvenirs…

[4] Après la grande rafle et la répression des journalistes du 28 novembre 1980, Radio Métropole avait cessé de couvrir l'actualité nationale. La station diffusait seulement des nouvelles internationales. Dans ce contexte, M. Bob Nérée avait  institué une chronique  journalière, La politique des autres, au sein de laquelle le journaliste  analyse chaque jour un évènement ou une situation dans un pays du globe. La bonne connaissance des dossiers internationaux de part de M. Nérée, sa façon particulière de traiter certains événements dans certains pays comme par exemple les Philippines de Ferdinand Marcos, l'Amérique Latine des dictatures militaires ou encore la Caraïbe agitée des années 1980, les intonations et timbre de sa voix,  tout cela donnait une « étrange impression » que « la Politique des autres » n'était pas seulement celle « des autres », et que « les uns » y étaient également concernés, très concernés, dans la chronique quotidienne. Ce qui assurait la popularité de la chronique parmi les universitaires, écoliers et chercheurs d’horizons divers.  

[5] La Radio Métropole, alors au bas de la  rue Pavée, à l’étage du célèbre Magasin Madame et Mademoiselle, durant la conjoncture des années 1970-1980, de par la diversité, la portée et la qualité de ses émissions, exerçait une grande influence sur la jeunesse scolaire et universitaire de l’époque. Il faut se rappeler ici les émissions de M. Maurice Duviquet et son épouse Mme Andrée Duviquet, de Mme Micheline (Mimi) Widmaier et de Philippe Jean-François, de Mme Michelle des Essarts sur le livre et l'actualité culturelle, de la revue de la presse internationale, de la couverture des élections américaines et dominicaines par le docteur et historien Georges Michel et les instructives émissions sportives de M. Jean-Claude Sanon et du docteur Yves (Dadou) Jean-Bart. Il faut se rappeler la première émission de M. Daniel Marcelin (Musique et Potins) après son succès dans le pantomime au Rex Théâtre et à l'Institut Français d'Haïti (IFH). Il faut se rappeler l'émission de M. Fritz Valesco (Pitit Fèy) sur l'histoire nationale le dimanche. Sur le plan des divertissements, l’on aura toujours à l'esprit l'émission de Mme Cécile Chalmers (Tambour 129) et surtout la voix de M. Ulrick Jean Baptiste (Ricot), l'animateur fétiche de la musique haïtienne (Et voilà une sélection que l’on aime bien !) à Tambour Battant. C’était le célèbre reportage de M. Bob Lemoine interviewant la petite Mariella après que celle-ci venait d’escalader le majestueux « poteau Sanfil » du Bel-Air. L'on se rappellera du calme olympien et des conseils de M. Lionel Benjamin à nos groupes musicaux durant son émission. Dans la même veine, l'on se souviendra du fameux Bouyon Konsonmen du samedi soir avec d'abord M. Klébert Xavier (votre chef cuisinier Kleberto!) et M. Jacques Jean-Baptiste ensuite. De nombreux albums des orchestres et groupes musicaux haïtiens ont été enregistrés dans les studios de la rue Pavée comme le premier disque du Scorpio Universel de M. Robert Martino avec M. Mushi Widmaier aux claviers comme nous l’apprend M. Ralph Boncy dans son ouvrage La chanson d’Haïti. C’était la période de l’émission Métropole by Night, la diffusion de l’album Essence de Cubano, de celui du GM-Connection avec la chanson Adelina, cette œuvre immortelle de M. Gérard Daniel et de M. Mario Mayala. Radio métropole, c'était alors le lancement du groupe musical Zeklè avec notamment les apports de  MM. Joël et Mushi Widmaier et le célèbre concert du groupe au Rex Théâtre en 1983. C'était la promotion, en été 1985, des nouveaux groupes musicaux haïtiens comme Turbulence, Pirogue avec la chanson Eskalye de  M. Hans Peter, et surtout Splash de M. Sergo Jean-Noel et de  M. Jimmy Jean-Félix avec la chanson Pèsonn. C'était l'excellent mixage du Groupe Dixie Band de M. Tuco Bouzi aux défilés du Carnaval de 1984 et en 1985 par M. Joël Widmaier avec la participation de M. Ronald Rubinel. Radio Métropole, au bas de la rue Pavée, c'était l'époque de La plus longue émission du monde avec l'animateur fétiche M. Jean Camille. C'était Le Trapèze des Etoiles et les émissions sportives de M. Gilbert Fombrun qui est, en fait, le véritable pionnier dans la diffusion des informations sur le Tennis en Haïti. C'était aussi la voix de M. Gilbert Fombrun sur les pages publicitaires des films pour les cinés Capitole et Impérial. C'était  M. Bob Nérée, avec sa fameuse chronique La politique des autres. C'était les éditoriaux de M. Marcus Garcia avant la rafle du 28 novembre 1980. C'était l'émission de Victor Pétion à l'aube du dimanche avec des chansons de choix. C'était le jeu radiophonique Chèche chèk la à la veille de la Noël où la population, les auditeurs sont invités à retrouver des chèques placés en divers endroits des maisons de commerce et des places publiques de la capitale. Radio Métropole, au bas de la rue Pavée, c'était la voix unique de M. Bob Lemoine « toujours sur place où l'action se passe », ou encore sur les plages publicitaires célèbres comme par exemple celle consacrée aux Etablissements Raymond Flambert patronnant les émissions sportives du matin ou de L’agence Citadelle annonçant le Record du jour. C’était la diffusion, à 11 heures 45 AM du menu du Rond-Point restaurant alors à la Cité de l'Exposition du Bicentenaire. C'était la voix unique de M. Lucien Anduze annonçant le hitparade de la musique haïtienne, le Ten Top au Top Compas et réalisant du même coup la plage publicitaire pour la maison de disques Anson du Magasin Sounds of Music, également à la rue Pavée, Paul Anson Junior, Mini records, maxi Sound !. C'était l'émission en langue anglaise  de M. Michael Norton. Radio Métropole au bas de la rue Pavée, c'était le feuilleton radiophonique inoubliable de Mme Mona Guérin, « Roy! Les Voilà! ». Ce feuilleton a eu des interprètes superbes comme Mmes Elisabeth et Christina Guérin, M. Frédéric Surpris, M. Jacques Jean-Baptiste, M. Gérald Alexis, Mme Paulette Poujol-Oriol, M. Daniel Marcelin, M. Joe Damas, sans oublier l'auteure du feuilleton elle-même, Madame Mona Guérin ainsi que l'enregistrement et le bruitage par M. Bernard (Ben) Léon. L'audition de ce feuilleton était devenue une obligation et dès 3 heures PM tout Port-au-Prince était aux écoutes. Radio Métropole, au bas de la rue Pavée, c'était Donna Summer avec son super hit I feel love,  c'était les Bee Gees dont l'utilisation de la musique dans le film inoubliable Saturday Night Fever faisait alors un malheur dans les salles de cinéma de Port-au-Prince avec le danseur John Travolta au sommet de son art. C'était la musique de Kool and the Gang, de Boney M. C'était la diffusion de l'album Thriller de Michael Jackson avec la chanson fétiche Billie Jean. C'était l'émission Dimanche Variétés avec la voix de M. Clarens Renois lançant sur les ondes haïtiennes la chanson inoubliable We are the world. C’était en 1986, l’émission spéciale consacrée au Maestro Nemours Jean-Baptiste avec des acteurs et  musiciens de l’époque. C'était l'émission de M. Georges Léon-Emile (Giorgio) supportant fortement le mouvement de la Nouvelle Génération de la musique haïtienne de la fin des années 1980 et du début des années 1990. C'était les débuts du Magazine économique de M. Kesner Pharel. Le succès de ce magazine pionnier allait amener d'autres stations de radiodiffusion à mettre en place des émissions de formation économique pour les auditeurs. Dans le même contexte, il y a eu M. Juan Manual Nova, desafiendo la tristeza, avec l'émission Metro Meren Salsa. C’était la diffusion en boucle de la chanson Margarita du Portoricain Wilkins de la bande originale du film Salsa avec le danseur Robin Rosa et la participation d’El Gran Combo de Puerto-Rico. Je ne peux pas évoquer Radio Métropole sans ménager une place spéciale  pour l'émission en espagnol de M. Eddy au milieu des années 1980, à 4 heures de l'après-midi, El rincón de la  sonrisa y de la alegría. A un moment où j’apprenais la langue espagnole en autodidacte, j’étais un fidèle auditeur de cette superbe émission. Et le lecteur ne m’en voudra pas trop de lui rappeler les paroles de la bande d'annonce de ce show et qui sont toujours dans ma mémoire : Buenas Tardes, Amables oyentes y aficionados de la buena música latino americana, Viene aquí la locomotora loca con su materia para el gran despliegue musical de la tarde. Para presentar a ustedes, Amables oyentes, cincuenta y cinco minutos de momento feliz, agradable, en el rincón de la sonrisa y de la alegría, con su amigo Eddy… Enfin, je ne pourrai  jamais évoquer la Radio Métropole sans avoir une pensée spéciale pour mon ami M. Claude Innocent, travailleur impeccable, infatigable, metteur en ondes et opérateur perfectionniste, très grand connaisseur de la musique internationale et nationale, El barbudo de la Casa selon l'expression d'un autre grand animateur de la musique haïtienne sur Radio Métropole,  M. Joe Damas. Ces deux spécialistes nous ont laissés. Qu'ils reposent en paix et que la Radio Métropole (également Télé métropole), du bas de la rue Pavée à ses studios actuels de Delmas 52, sous l’actuelle direction de M. Richard Widmaier, continue son parcours, suivant les rêves de M. Ricardo Widmaier et de M. Herby Widmaier.              

[6] Le terme d’Ecole de la Beauté est généralement utilisé pour désigner le courant de la peinture haïtienne caractérisé par un certain agencement des formes géométriques et la recherche d’une esthétique visuelle par les sujets, les lignes et le jeu des couleurs. Ce courant a été  initié à partir des travaux de l’artiste Philomé Obin à L’Ecole Nationale des Arts (ENARTS) et renforcé au cours des années 1980 avec les œuvres des artistes comme Jean-Claude Legagneur, Jean-René Jérôme, Bernard Séjourné, d’Emilcar Simil et d’autres. Le terme Ecole de la beauté  pour désigner ce courant de notre peinture est une contribution du professeur Webert Lahens.

[7] En juillet 1984, lors de la vente signature du premier volume de la série de la République exterminatrice par l'historien Roger Gaillard à l'Institut Français d'Haïti (IFH), le stock des ouvrages disponibles pour la vente signature était déjà épuisé aux premiers moments. Les organisateurs ont alors envoyé quérir un autre stock à l'Imprimerie Le Natal de M. Robert Malval situé dans la zone de l'Aéroport. Et le public attendait patiemment pendant près d'une heure pour pouvoir retirer son exemplaire de l'ouvrage avec la signature de l’historien Gaillard…Réminiscences d'une certaine Haïti qu'une certaine partie de notre population  n’avait  point connue…. Tempus fugit et rerum edax. (Le temps fuit et emporte toute chose).  

[8] Sur cette question, je recommande vivement la lecture du chapitre : « Le Français, langue de travail de l’ONU, grâce à Haïti » de l’ouvrage de l’historien et diplomate de carrière M. Weibert Arthus (2021) Haïti et le monde : deux siècles de relations internationales. De cet important chapitre, nous tirons ce paragraphe assez édifiant : « au cours de séance inaugurale de la conférence de San Francisco [1945], le secrétaire d’Etat des Affaires étrangères d’Haïti, Gérard Lescot, prononce un vibrant discours en faveur de la France pour laquelle il réclame une place de premier plan dans la  nouvelle organisation mondiale [ONU]. La délégation haïtienne parvient à persuader certains pays  que la France était incapable de convaincre, notamment les nations de l’Amérique latine et de l’Asie, de réfuter l’idée d’une seule langue au sein de l’organisation. « La France vous doit une reconnaissance éternelle », déclare alors Georges Bidault, président de la délégation française [à la délégation haïtienne], pour signifier la portée de cet acte et l’importance qu’il revêt pour la France. Le 27 avril 1945, le Comité directeur de la Conférence admet le français, au même titre que l’anglais, comme langue de travail des Nations Unies ». p. 173. Sans commentaires.

[9] Régis Debray (2004). Haïti et la France. Rapport à Dominique de Villepin, Ministre des Affaires étrangères.   Le Professeur Hérold Toussaint avait effectué, avec un groupe d'étudiants en Communication sociale de la Faculté des Sciences Humaines de l'Université d'Etat d'Haïti, un travail de commentaires de ce texte.

[10] Sous ce rapport, il  faut noter que Radio France International (RFI) a une correspondante permanente en Haïti. Cette station de Radio a une émission quotidienne sur Haïti, Le journal d'Haïti et des Amériques avec des interventions en direct du rédacteur en chef du Nouvelliste M. Frantz Duval et du Responsable d'AlterPresse, M. Gotson Pierre. De plus, il y a  un magazine culturel hebdomadaire, Koze Kilti. Ce magazine de très bonne facture est diffusé en français et en créole. Il était animé au début par M. Dangelo Inrico Néard qui, depuis, a été nommé Directeur-Général de la Bibliothèque Nationale d'Haïti (BNH). Actuellement, le magazine Koze Kilti sur la Radio France International (RFI) est présenté avec le même brio et la même compétence par M. Ritzamarum Zetrenne. Enfin, dans l'émission Couleurs Tropicales, animée par M. Claudy Siar, la musique haïtienne est très présente. Nous avons pu remarquer que l'animateur, M. Claudy  Siar, connait aussi bien la musique haïtienne que l’histoire de notre pays. Il ne tombe pas dans les vieux clichés et les lieux communs et c’est tout à son honneur. Récemment, en septembre dernier, il avait consacré, dans le cadre de son émission,  une semaine entière à la musique haïtienne.  A l’occasion de la mort tragique et brutale du chanteur Michael Benjamin (Mikaben) le 15 octobre 2022, M. Claudy Siar a réalisé une émission spéciale qui a été bien appréciée par les auditeurs en Haïti. Il était d’ailleurs présent au concert et a vécu le drame sur le vif. C'est l'occasion pour nous de dire à M. Claudy Siar qu'il y a un public qui l'écoute régulièrement en Haïti et qui supporte  son travail. 

[11] Chancy Victorin.  « L’Institut Français en Haïti a 70 ans ».  Publié le 2015-12-07 | lenouvelliste.com

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