Réaction de Rodolphe Mathurin sur la résolution adoptée par l'Assemblée nationale française concernant la dette de l'Indépendance d'Haïti

0
378

Rodolphe Mathurin - Coordonnateur du KAAD (Kolektif Ayisyen Afwodesandan) - répond aux questions du journaliste Lominy Edmond sur le vote de la proposition de résolution portée par le groupe GDR visant à la reconnaissance, au remboursement et à la réparation par la France de la « double dette » d’Haïti, par l’Assemblée nationale française, le vendredi 6 juin 2025.

1. Que représente, selon vous, pour Haïti et pour la cause des réparations l’adoption de cette résolution à l’Assemblée nationale française ?

L’adoption de cette résolution à mon humble avis témoigne de plusieurs choses :

Primo, il s’agit d’un message au monde, « La question , cette double dette spécialehaïtiennement, fait partie des éléments clés, des fondamentaux pour ainsi dire, qui exigent de redéfinir les relations internationales sur la base d’une autre Éthique. Avec la rançon de 1825, La France nous a forcés à payer, une fois de plus, avec notre sang ce que nous avions arraché avec notre sang : la liberté.

Nous comprenons que cela choque particulièrement l’extrême droite française. Aujourd’hui, de plus en plus de voix comprennent que la situation d’Haïti est en partie, une conséquence de cette double dette injuste et infâme. La démarche des députés ayant soumis cette résolution no 1267 est   clairement une manifestation de cette conscience qui grandit au niveau mondial.

Segundo, cette résolution votée par l’Assemblée nationale est un pas en plus assez significatif laissant derrière les subterfuges éventuels qui viseraient à noyer l’ordonnance de 1825 dans l’océan des relations transatlantiques haïtiano françaises.

Car, clairement, la résolution votée :

Invite le Gouvernement à reconnaître officiellement et solennellement l’injustice infligée à Haïti par l’ordonnance du 17 avril 1825 ;

Invite le Gouvernement à considérer ses conséquences et ses prolongements à long terme sur l’ensemble de la société haïtienne ;

Invite le Gouvernement à une prise en considération des demandes de remboursement et à étudier le processus de restitution de la « double dette » imposée à Haïti qui a été honorée dans son intégralité ;

Cette résolution n’a pas encore force de loi, mais ouvre une fenêtre sur demain. Pour Haïti. Pour la France. Pour toutes les victimes de la colonisation.

Aussi, devrais-je ajouter que cette résolution est la preuve que nous ne sommes pas seuls dans ce combat, initié par le président Jean Bertrand Aristide en 2001, pour la réparation et la restitution.

2. Certains élus français parlent de « danger de précédent » si la France rembourse Haïti. Que leur répondez-vous ?

Je dis que ce serait d’abord Justice. Et ç’aurait été un pas de plus vers la bonne direction. Pour l’humanité. Face à l’urgence de fonder nos relations sur des bases plus respectueuses, plus justes ; et, ceci passe aussi par l’urgence de reconnaitre et de corriger, soit réparer, les torts faits à plusieurs peuples d’afrodescendants. En ce sens, il ne s’agit pas de danger, mais bien d’une brèche pour la réconciliation, pour la fraternité et la paix dans le monde.

3. Concrètement, qu’attendez-vous du gouvernement français après cette résolution ?

Qu’il s’élève à la dimension des idéaux portés par la Révolution française et traduits concrètement en actes par la révolution haïtienne. Nos ancêtres ont offert au monde par leur sang par leur intelligence l’idée de l’humanisme universel : TOUT MOUN SE MOUN. 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES