La sécurité est le premier bien public que l'Etat doit produire (Rotberg in Moritz, 2013). Sinon, les activités politiques et économiques peuvent regresser. L'Etat ne peut délivrer la santé, l'éducation et autres. D'après Rotberg, l'Etat a dans cette situation échoué (Moritz, 2013). C'est le problème du pays actuellement. Et nous ne savons pas combien de fois cette approche de Rotberg est pour motiver nos leaders répétée dans les colonnes de Le Nouvelliste (Jan. 2022) et Le National (Fév. 2023; Mar. 2024).
Ne pouvant pas délivrer la santé, l'éducation, ni faciliter un climat favorable à la politique et au développement économique, l'Etat haitien a contribué à la destruction des structures établies comprenant des hôpitaux, écoles, banques et institutions commerciales en dépit du fait qu'il soit incapable de contrôler les gangs armés occupant à 80% la zone métropolitaine. Ces derniers ont, à travers les paniques sociales et les escalades, tué des professionnels et autres, détruit des institutions, déplacé constamment la population et créé le désespoir. L'avenir du pays est en total désarroi.
C'est par manque de capacité intellectuelle des dirigeants de la Police Nationale d'Haïti (PNH) en matière de sécurité publique que la situation du pays culmine à ce point. Le fonctionnement du pays se repose sur cette Police qui néglige ses conditions d'éthique. Ainsi, les policiers sont très mal formés. Ils n'ont aucun sens doctrinal lié au service «Protéger et Servir» pour lequel ils se sont vraiment engagés. Ancien policier, Jimmy «Barbecue» Chérizier est en effet devenu chef des bandits de «Vivre Ensemble» parce qu'il n'a jamais intériorisé les normes de la Police comme tant d'autres collègues qui sont encore actifs à la PNH et considérés associés clandestinement aux gangs, a-t-on appris. C'est purement une honte pour Chérizier et alliés et pour toute la PNH.
En conséquence, être policier sous-tend s'engager à la PNH pour: 1. Trouver un déboucher ou un mieux être, 2. Chercher à s'enrichir dans des manœuvres louches pour la plupart d'entre eux le long de la passivité des autres, et 3. Chasser après des femmes. Dans ce manque d'engagement, ils se font tous des peureux dans l'exécution de leurs tâches ou dans la lutte contre les ennemis publics et du peuple haïtien. Ils ont oublié le refrain «grénadiers à l'assaut.»
Depuis début 2000, nous avons compris la faiblesse de la PNH le long de celle des dirigeants qui ne savent que dramatiser le moindre acte criminel est sine qua non dans la lutte contre l'insécurité. Ils ont tout minimisé pendant qu'à partir du premier acte ou crime posé, il faut en trouver les auteurs pour empêcher la multiplication des actes criminels. C'est le B-A-BA d'un service de police responsable.
Aujourd'hui, la PNH est dépassée par les événements. Ainsi, ce ne serait pas exaggéré de dire qu'elle a livré le pays au banditisme sous l'administration d'un Etat sans objectif. Résoudre le problème aujourd'hui ou demain est en perspective, mais la situation a déjà fait trop de crimes et de destructions ou débordé le cadre dans un pays qui a connu un grand passé historique. Ce qui fait imaginer que peu de temps après son indépendence jusqu'à nos jours il est en majeure partie dirigé par des hommes sans savoir-faire, des incompétents et des dilapideurs de fonds publics. Ces derniers ont pillé les fonds avec une rapidité suivant le temps de leur bref passage dans l'Etat (Delorme, 2009).
Jusqu'à présent, les dirigeants ne font pas preuve de vision ni de compétence. Le pays continue à travers ce climat d'insécurité de plonger en chute libre. Ils ne tiennent qu'à leur position et enrichissement qu'aux prérogatives de l'Etat. Sinon, pourquoi le pays est aussi sous développé et déplorable, ce qui fait qu'il est temps de prendre toutes et tous le pays au sérieux.
Alors rappelons que les dirigeants ne font pas ce que demande le développement actuel d'un pays. Le changement dépend de la décision des réformistes, des intégristes ou radicalistes. Ces dirigeants ne sont ni l'un, ni l'autre, mais des opportunistes et parasites mettant tout en péril, un peuple en souffrance, dans la misère. Ils n'ont pas honte de s'afficher comme présidents, des directeurs généraux, des ministres et autres parce qu'ils ignorent le rôle d'un leader c'est de donner des services au peuple en consentant de grands sacrifices. Pas de leadership sans service!
Nécessaire est de changer d'attitudes pendant que les actions au changement social se modernisent. Il faut se rattraper par des actions agricoles et urbaines très en vogue internationalement pour atteindre un niveau de développement national adéquat et combattre toute forme de vulnérabilités physiques ou sociales.
Pour changer ce pays vers une économie moderne et un développment durable, à espérer sont des leaders de conviction et courageux comprenant que le changement social dépend nécessairement de la construction de nouvelles infrastructures et structures ou d'un développement immobilier adéquat, la mise en place des programmes sociaux, etc. Sinon, le pays ne verra jamais le futur. Cette conscience n'est jamais prise.
Cependant, le pays avait une chance après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 de faire face au développement durable si l'un des quatre projects macro-urbains incluant ceux de Prince Charles, du Centre Haitien de Recherche en Aménagement et en Développment (CHRAD), du Ministère de Planification et de Coopération Externe (MPCE) et de la Destination touristique de l'Ile-à-Vache avait eu la chance d'être exécuté.
Malgré certains d'entre eux n'ont pas convenablement analysé l'aspect de justice sociale, mais il y en avait de quoi à parler des villes de références pouvant servir de schéma pour la construction et reconstruction du reste du pays, de lancer une économie moderne et un nouveau développement touristique.
Le long de l'avortement d'un nouveau programme agricole comme le Programne Triénnal de Relance Agricole (2013-2016), ces projets sont négligés. Le pays n'espère plus une expansion urbaine avec une représentation de taille internationale. L'Administration Martelly (2011-2016) avait négligé cet aspect. Ainsi les fonds Petrocaribe et de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) ont été détounés.
En résumé, il fait bon de rappeler qu'il faut opter pour une alternative viable et sérieuse vers le développement du pays. La PNH doit jusqu'à son dernier policier à tomber ou son dernier souffle se battre pour libérer le pays des gangs criminellement actifs. Par la suite, le pays peut tenter une fois de moderniser et reconstruire la zone métropolitaine libérée suivant une analyse convenable du changement social.
Donc, d'une part il faut créer de nouvelles lisibilités urbaines à travers ladite zone et aménager les façades des maisons. D'autre part, il faut démolir les maisons et les quartiers tombés en désuétude pour rénover la zone métropolitaine et avoir en conséquence de nouveaux plans pour reconstruire le pays tout entier. Avec un budget national de plus de 323 milliards de gourdes (2024-2025), l'Etat peut stratégiquement planifier la refondation urbaine du pays. Et dans l'espoir de récupérer le remboursement de la dette de l'Indépendance nationale de la France, il peut faire beaucoup mieux si le fonds de remboursement serait géré par une commission de vrais patriotes ou nationalistes et d'experts en planification urbaine.
Dans le mēme ordre d'idée, l'analyse capitaliste du développement en Haiti doit être repensé. Le pays vit sur une base trop traditionnelle. L'élite du pays en absence d'un État visionnaire ne joue pas son rôle de leadership économique et social. Le peuple n'a pas de moyen ou de cash flow pour construire pour lui-même, voire le pays. En effet, l'Etat et l'élite économique nationale à travers des banques commerciales et de crédit immobilier doivent prendre le contrôle des espaces pour formellement s'engager dans la reconstruction agricole et urbaine du pays.
La perspective d'une agriculture de subsistance et des constructions de bidonville doit cesser afin que le pays puisse redémarrer sur de nouvelles bases. Ce n'est pas une nouvelle constitution ou un nouveau régime démocratique qui va changer le pays. Son changement, en termes plus explicites, dépend des actions musclées et concrètes en développement comme un nouveau système agricole, de nouveaux systèmes de routes, d'adduction d'eau potable et d'électricité, un système immobilier moderne, de nouveaux systèmes de santé, d'éducation, etc. Sinon, le pays ne fait que tourner en rond ou ne verra jamais le futur, a-t-on répété.
Rhodner J. Orisma, PhD
Département de Sciences Politiques
IERAH-ISERSS
Université d'Etat d'Haiti
rhodner.orisma@fiu.edu
Références
Moritz, J. (2013). The Concept of “State Failure” and Contemporary
Security and Development Challenges. https://www.e-ir.info › pdf › 43420 (consulté le 9 juin 2025).
Delorme, D. (2009). La misère au sein des richesses: Réflexions diverses sur Haiti. Première Edition 1873. Port-au-Prince. Editions Fardin.
Orisma, R.J. (Jan. 2022). Sous-capitalisation des espaces agricole et urbain en Haiti et la théorie de mystère du capital de De Soto. https://lenouvelliste.com › article › 23359 (consulté le 9 juin 2025).
Orisma, R.J. (Fév. 2023). Nouvelles dispositions du Secteur Privé haitien: diversion ou processus d’un changement. https://www.lenational.org/post_article.php?tri=977 (consulté le 9 juin 2025).
Orisma, R.J. (Mar. 2024). Face à la Radicalisation des Gangs : Échec de la PNH et difficultés pour la Mission kényane. https://www.lenational.org/post_article.php?tri=1560 (consulté le 9 juin 2025).