Pour les artisans de la nouvelle Haïti qui sont déjà là

Depuis un certain temps - surveillant assidûment l’actualité dans la presse occidentale et haïtienne concernant la crise économique, politique, sécuritaire en Haïti - je me pose la question suivante:

Nous, les Occidentaux (notamment le Canada), comprenons-nous vraiment la dynamique culturelle haïtienne?

Un échange récent - en mode virtuel - avec mon réseau de contacts en Haïti, m’a (re)confirmé que nous, gens du Nord, ne connaissons ni ne comprenons réellement la Culture profonde haïtienne.

Nous - le Canada - avançons nos propositions à l’égard d’Haïti strictement en fonction des objectifs de notre politique étrangère basée exclusivement sur les valeurs culturelles canadiennes.

Démocratie capitaliste

Or certaines de nos valeurs canadiennes - associées à notre démocratie - semblent rejoindre les valeurs haïtiennes: l’égalité, l’équité…

Toutefois, bien que nous semblions partager certaines valeurs, visiblement nous n’arrivons pas à gérer la crise haïtienne ensemble pour atteindre notre bien-être commun, en Haïti et dans les Amériques.

Pour plusieurs raisons, dont, entre autres, notre incompétence culturelle.

Alors que nous - Occidentaux - prétendons détenir la démocratie exemplaire et la compétence à la diplomatie moderne…

Précisons: il s’agit d’une démocratie essentiellement capitaliste et plus est paternaliste à l’égard du Sud.

On ne réussira jamais à « solutionner » Haïti et autres pays en les maintenant captifs de l’aide humanitaire.

Par ailleurs, les multiples preuves de nos échecs demeurent criantes. Entre autres, la soi-disant reconstruction d'Haïti à la suite du séisme dévastateur de 2010

Attitude critique

Pour savoir négocier, tenir le rôle de médiateur entre gens de diverses cultures dans une situation de conflit, ne doit-on pas s’efforcer, entre autres, de s’intéresser à la culture d’autrui; de comprendre son Histoire, ses valeurs, sa façon de communiquer…

Il faudra aussi se doter d’un sens critique élevé. Soit avoir la capacité de percevoir les diverses perspectives des parties prenantes et de saisir les nombreux aspects interdépendants dans une situation de crise donnée.

Pardonnez ma naïveté… Vous me direz qu’on sait déjà tout ça… Néanmoins l’application concrète de ces beaux principes brille par son absence au sein de la situation actuelle…

La complexité de la crise en Haïti peut dépasser notre entendement et nous paraître gargantuesque… Pourtant on peut certainement y atteindre la paix et le progrès durable.

Force réelle

« Ayiti va s’en sortir, ils sont déjà là, les artisans de la nouvelle Ayiti. Ils s’appuieront justement sur ce que nous avons de force réelle, la Culture profonde avec les valeurs du savoir ancestral qui nous avaient conduites à l’Indépendance.

Cette fois-ci, l'Indépendance ne se limitera pas à briser les chaînes physiques, mais aussi celles mentales, culturelles, commerciales vers un épanouissement social et économique durable », m’écrivait récemment un ami depuis Haïti.

Résilience légendaire 

Manifestement la faillite occidentale face à la crise en Haïti révèle notre incapacité à gérer la paix par et pour nous, entre gens du continent des Amériques.

Ce cuisant échec illustre notre ignorance de la culture haïtienne marquée d’une Histoire extraordinaire ayant façonné sa résilience éternelle (la force d'Haïti) évoluant au cœur d’un remarquable patrimoine environnemental méconnu par l’Occident.

Je témoigne avoir rencontré cette résilience légendaire partout en terre haïtienne ces dernières années (2012-2018):

Et beaucoup plus...

Pouvoir citoyen

Récemment je lisais un article dans Le National citant un Haïtien exilé de retour en Haïti: « Je ne demande pas ce que mon pays peut m’offrir, mais je demande ce que je peux faire pour Haïti ».

Cette réflexion m’interpelle profondément. Je crois qu’elle s’applique à chacun.e de nous dans le Nord comme dans le Sud.

Il me semble qu’elle fait appel à l’activisme citoyen positif, à la participation citoyenne pour viser le bien-être de toutes et tous dans le respect de la culture de chaque société:  à Port-au-Prince comme à Toronto.

Pardonnez mon idéalisme… Je crois dans la puissance du pouvoir citoyen localement comme à l’échelle mondiale pour viser notre épanouissement mutuel durable.

Entretemps il y a l’inflation galopante; les virus malfaiteurs; la guerre atroce en Ukraine et ailleurs; le spectre de la famine; notre Terre souffrante…

Tristesse et impuissance…

Mais aussi la foi dans la Culture profonde du peuple haïtien alors que je circule à pied dans mon quartier de vie à Toronto, sans crainte d’être kidnappée ou blessée par balle sous les attaques entre gangs armés

Par Annik Chalifour 2022.07.24

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