Le poète et romancier haïtien Anthony Phelps est mort dans la nuit du 10 au 11 mars 2025 à l’âge de 96 ans. Durant toute la longueur de son existence, Phelps entretenait une relation intime avec l’écriture. Selon la critique, il laisse derrière lui une œuvre pléthorique.
Selon les premières informations disponibles relayées par la presse internationale le poète et romancier Anthony Phelps était souffrant et avait séjourné à l’hôpital à quelques reprises. Il est mort dans son sommeil, entouré de son épouse et d’une de ses trois filles. Sa vie a été marquée par la souffrance : il a d’abord été emprisonné en Haïti sous le régime dictatorial de François Duvalier, qui a régné de 1957 à 1971. Après des études de chimie et de céramique aux États-Unis et au Canada, il se consacre surtout à la littérature.
En 1961 il fonde – avec les poètes Davertige, Serge Legagneur, Roland Morisseau, René Philoctète et Auguste Thénor – le groupe Haïti Littéraire et la revue Semences. Il met sur pied et anime, selon Île en Île la troupe de comédiens, Prisme, et réalise des émissions hebdomadaires de poésie et de théâtre à Radio Cacique, dont il est cofondateur. Il publie trois recueils de poèmes, et collabore à divers journaux et revues. Après un séjour dans les prisons du docteur-dictateur-à-vie, Anthony Phelps est contraint de s’exiler. Établi à Montréal en mai 1964, il y fait du théâtre – scène, radio et télé – puis du journalisme. Il participe à la narration de plusieurs films. Il réalise et produit une dizaine de disques de poésie de poètes haïtiens et québécois. Plusieurs fois boursier du Conseil des Arts du Canada (bourse de création libre), il a obtenu, deux fois, le Prix de Poésie Casa de las Américas, Cuba.
Le 2 février 2001, Anthony Phelps reçoit du Ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration (du gouvernement du Québec) une plaque en hommage, à l’occasion du forum « Encre noire, littérature et communautés noires ».Son œuvre, soit une vingtaine de titres, parmi lesquelles : Été (1960), Éclats de silence (1962), Points cardinaux (1966), Mon pays que voici suivi de Les dits du Fou-aux-cailloux (1968), Motifs pour le temps saisonnier (1976), La bélière caraïbe (1980), Même le soleil est nu (1983) and Orchidée nègre (1985); the novels, Moins l’infini (1973), Mémoire en colin-maillard (1976) et Haïti! Haïti! (1985, avec Gary Klang); the children’s story collection est traduite en espagnol, anglais, russe, ukrainien, allemand, italien, japonais et certains de ses livres figurent au programme des études françaises de plusieurs universités des États-Unis dont : Princeton, Saint Michael’s College (Vermont) et Iowa State University.
En 2019, le cinéaste et réalisateur haïtien Arnold Antonin lui a consacré un film en essayant de camper la stature du poète. Anthony Phelps est un technicien de l'écriture poétique, un ciseleur, un orfèvre avec des clins d’œil ludiques pendant qu’il alimente de main de maître la flamme et les vibrations de son chant. Dans ce film :Anthony Phelps à la frontière du texte, il s’ agit de suivre l’itinéraire de Phelps qui continue sa longue marche de poète. C’est ce que raconte ce documentaire avec les lumières de Yanick Lahens, Suzie Castor, Emmelie Prophète, Claude Souffrant, Joseph Ferdinand, Louis-Philippe Dalembert.
À rappeler que Son roman « La Contrainte de l’inachevé » a été nominé pour le Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie fiction de langue française lors de la cérémonie des Prix du Gouverneur général de 2007.
Schultz Laurent Junior