Le projet national « Journée de livres en main, sans téléphone pour les écoliers » a tenu sa deuxième journée d’activités, le vendredi 21 novembre 2025, à Puits-Blain 32, dans les locaux de la Nouvelle Académie d’Excellence (Village Espoir). Des centaines d’enfants, accompagnés de leurs enseignants et parents, ont pris part à cette initiative dédiée à la lecture physique et à la redécouverte du livre comme source d’émerveillement, de savoir et d’attention profonde.
Puits-Blain 32, Village Espoir. Un vaste complexe abritant un orphelinat, une école classique accueillant des élèves internes et externes, ainsi qu’un centre dédié aux personnes à mobilité réduite. Un lieu porteur d’espoir pour de nombreux enfants oubliés par leurs parents, de nombreux enfants oubliés par l’État Haïtien. Ce centre d’accueil offre un refuge ou des âmes dévouées, ayant trentaine, vous chouchoutent, vous écoutent, sans jamais avoir prononcé un mot de leur vie ; un lieu où vivent des enfants qui n’ont jamais connu même un membre de leur famille.
« Face aux enfants livrés à eux-mêmes sur les lits de l’hôpital, errant dans les rues sans une pièce d’identité, nous sommes obligés de leur donner la signature ‘’ESPOIR’’, car l’identité de leur parents demeure une énigme » a déclaré pasteur Jean Jacques SAINT-FORT, une figure responsable de cette espace.
Suite au lancement le 29 août dernier au Collège Justin LHérisson, Village Espoir a eu l’honneur d’accueillir la deuxième journée du projet national « journée de livres en main sans téléphone, pour les écoliers » pour cette première édition. Plus de quatre cents écoliers issus de diverses écoles de la région, certains accompagnés de leurs parents et de représentants des établissements scolaires, ont honoré de leur présence l'événement.
Plus de cinq cents ouvrages étaient exposés, classés par catégories d’âges et de type. Une journée riche en activité, comprenait la lecture d’un conte par MICHAËLLE CHARLES, suivi par un atelier de lecture de deux heures. Pour cet atelier, les écoliers ont été classés par catégorie d’âge. Les enfants de trois ans à cinq ans étaient dans une salle, ceux de six ans a neuf ans dans une autre, les dix quinze ans une troisième, et les adolescents de seize ans et plus occupaient une quatrième salle. Chaque salle était encadrée par au moins deux animateurs. Les heures s’égrènent douces et précieuses. Sans les notifications incessantes, les distractions fugaces, le temps se dilate. Chaque page tournée devient un fragment de mémoire qui s’imprime durablement. Les mots s’ancrent, les images se forment, tissant des liens entre les textes. La lecture devient une expérience totale, une conversation intime avec l’auteur, une de soi pour les écoliers. A l’issue de l’atelier, les élèves ont partagé leurs impressions sur les activités découvertes.
« Nos jeunes lisent, écrivent et réfléchissent moins- non pas par manque de capacité, mais parce que leur attention est aujourd’hui absorbée par le téléphone, devenu omniprésent dans leur vie », a déclaré le Directeur général de RTMI, Mr. Wilsonley SIMON, qui espère que cette initiative deviendra, avec le temps, une habitude nationale.
Alternant ateliers et chants, ces derniers cédants à la danse pour clôturer cette activité, les écoliers ont offert un spectacle de toute beauté. Au cœur de cette prestation, un jeune garçon de neuf ans, contraint à l’immobilité dans un fauteuil roulant, participait à la chorégraphie en exécutant les mouvements avec ses mains, suscitant des applaudissements nourris qui nous ont laissés sans voix.
Cette première édition se poursuivra jusqu’au 29 août 2026 et, selon les organisateurs, le projet sera progressivement étendu à d’autres départements, avec l’ambition de toucher davantage d’écoliers et de les aider à se déconnecter d’un outil devenu omniprésent - au point que certains pays comme la Finlande, la France ou le Danemark tentent désormais d’en limiter l’usage à l’école.
En cette seconde journée d’abstinence numérique, la lecture se révèle être une source inépuisable de liberté. Elle nous rappelle la valeur inestimable du temps, la richesse insolvable de la mémoire et le pouvoir infini des mots. En soustrayant aux distractions du monde virtuel, nous nous connectons à notre être profond et à l’essence des expériences humaines. C’est dans cette connexion avec les livres physiques que réside la véritable éternité.
Ancy Dorelus
