Le travail de la Police nationale dans le contexte sociopolitique que l’on connait, est rendu encore plus difficile quand on sait que l’institution est confrontée aussi à un manque de moyens.
Certains pensent que la dissolution de l’armée a été le point de départ de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Ils oublient où ils font semblant d’oublier que depuis les élections ratées du 29 novembre 1987 puis les coups d’État en série ayant suivi celui contre Leslie Manigat, l’armée, pourrie par la politique, avait elle-même secrété une insécurité incontrôlable tout azimut. On se souvient du phénomène des zenglendo –soldats bandits- qui avaient terrorisé la population.
Si le pouvoir Lavalas avait dissous l’armée après le retour d’Aristide en 1994, c’était moins pour garantir le fonctionnement des institutions mis à mal par les coups d’État, que pour se créer une autre force armée qui serait à sa dévotion. La Police nationale est née de cette hypocrisie et a dû fonctionner dans un contexte trouble où la lutte contre la délinquance, contre les gangs pouvaient se retourner contre le pouvoir et certains secteurs puissants de notre société.
L’expérience de ces dernières années démontre que la sécurité ne peut être véritablement établie que si les institutions, en particulier la Justice, fonctionnent en toute indépendance. La corruption endémique vient encore compliquer la tâche de policiers intègres qui voudraient bien appliquer avec une certaine conscience la devise de la Police Nationale : « protéger et servir »
La délinquance, dans les rues et dans la politique, qui prend sa source dans notre précarité, ne pourra être combattue avec efficacité que le jour où un pouvoir politique respectable, et des secteurs modernes du pays, s’investissent dans la création d’un nombre suffisant d’emplois pour avoir un impact réel sur notre économie. Pour l’instant, le chômage sévit partout. Des jeunes par milliers se retrouvent à attendre chaque jour la providence pour leurs besoins les plus élémentaires tandis que des publicités cyniques vantent des produits qui font rêver comme smartphone, voiture, etc. Le sexe qui se marchande partout pollue l’atmosphère et pousse à tous les types de déviations, de délinquances et à des crimes aussi. La frustration, la jalousie, la haine, nées de cette misère abjecte côtoyant un luxe sans état d’âme, portent aussi à des actes épouvantables.
Dans les églises, on a beau brailler contre le diable, combien sont-ils ceux qui ne vendront pas leur âme pour un plateau de dollars ? Alors, comment s’étonner que l’insécurité flambe, toujours à ce moment de fin d’années, moments festifs par excellence, quand les besoins de consommation et de représentations sont aussi exacerbés.
Gary Victor
