Depuis près de neuf mois, la commune de Kenscoff est confrontée à une situation sécuritaire préoccupante. Des groupes armés y multiplient les attaques, plongeant habitants et autorités locales dans une crise profonde. Interrogé par Le National, le maire de la commune, Massillon Jean, a dressé un tableau sombre des réalités quotidiennes auxquelles fait face la population.
Selon lui, les bandits armés, venus principalement des zones environnantes, s’en prennent non seulement aux habitations mais aussi aux moyens de subsistance des citoyens. Des maisons ont été incendiées ou pillées, des jardins dévastés et des familles entières contraintes de fuir pour se mettre à l’abri. « Une grande partie de la population a dû quitter la zone, car la peur et la détresse se sont installées », a-t-il confié. Les attaques n’ont pas épargné certaines institutions privées, notamment des hôtels réputés et des infrastructures touristiques, pourtant vitales pour l’économie locale.
Si un calme apparent règne actuellement dans le centre-ville, Massillon Jean rappelle que la situation reste particulièrement critique dans les cinq sections communales, dont Bongard et Carrefour-Badjo. Il estime d’ailleurs que 70 à 75 % des habitants de Bongard sont en déplacement forcé. Toutefois, le maire indique que des recensements sont en cours, menés par la Protection civile en collaboration avec les ASEC, les CASEC et les leaders communautaires, afin de fournir bientôt des données plus précises.
À cette insécurité persistante s’ajoutent les effets récents de la tempête tropicale Melissa. Sans faire de victimes, le phénomène a provoqué des glissements de terrain, des éboulements et a détruit plusieurs plantations, aggravant la vulnérabilité économique de nombreux ménages. Le maire remercie le FAES, le conseiller présidentiel Leslie Voltaire ainsi que l’ambassadrice de la Colombie pour leur visite de terrain, estimant que celle-ci permettra d’évaluer les besoins urgents de la commune.
Massillon Jean en appelle fermement à l’État et aux autorités policières pour que Kenscoff soit placé au cœur des priorités sécuritaires nationales. Il sollicite également un soutien financier pour l’exercice fiscal à venir. « Nous continuerons à résister. Kenscoff ne doit pas tomber », a-t-il insisté, invitant les habitants déplacés à garder espoir.
Sorah Schamma Joseph
