Autour de la mémoire des diplomates haïtiens assassinés !

Dix ans deja, 1 juillet 2014- 1 juillet 2024, on se souviendra encore de l’onde de choc provoqué par l’annonce de la découverte du corps sans vie du jeune cadre et diplomate en poste à l’ambassade d’Haïti au Japon, Osner Fevry Junior, connu sous le pseudo Nico, pour les intimes.

Dans le cimetière imaginaire des diplomates haïtiens, il n’est certainement pas le seul. On compte quelques autres anciens hauts fonctionnaires de la République qui ne se reposent pas totalement en paix. Entre le doute persistant entre le suicide ou un acte criminel, l’absence de suivi ou l’attente de justice, les sombres souvenirs de ces violences criminelles continuent d’alimenter en dehors des souvenirs et des soupirs, la peur, le traumatisme ou l’indignation dans la mémoire collective et la grande famille des diplomates.

Dix ans plus tard, et si on profitait de cette sombre date pour saluer la mémoire des diplomates assassinés, ces anciens serviteurs et représentants de toute une nation sur tous les toits du monde, pour saluer la mémoire d’Osner Fevry Junior, de Lucienne Heurtelou, et de Jacques Pierre Matilus, parmi les plus récentes victimes directes, en dehors des autres hommes et femmes diplomates également enlevés, torturés, traumatisés, des victimes mentales et physiques, morts dans le silence et l'indifférence, à la suite de toutes ces violences mentales et émotionnelles, entre autres.    

Détenteur d’une maîtrise en administration publique, avocat de profession, comme son père, Osner Fevry Junior était licencié en théologie.  Son corps sans vie a été identifié par la police aux environs de 7 heures du soir, dans le quartier de Thomassin 37 (Banlieu de Pétion-Ville), le 1 juillet 2014. Ses funérailles ont eu lieu le samedi 12 juillet  2014.

Dix ans plus tard, les souvenirs de ce jeune diplomate demeurent intacts dans l’esprit de ses anciens collègues, amis et parents. Plus d’un garde encore le sourire rayonnant et l'élégance protocolaire, en plus de l'intelligence manifeste d’Osner Fevry, ce jeune cadre respectueux, responsable et réservé.

Dans la journée du 19 mai 2006, ce fut l’annonce de l’assassinat de l’ancienne  première femme ambassadrice d’Haïti en Belgique, l’écrivaine, ancienne Première dame et diplomate Lucienne Heurtelou.  

Dans le braquage de la bijouterie de la famille Daccaret, située à la rue Dufort, la mère de l’ancien fonctionnaire du gouvernement haïtien, Jean-Robert Estimé, allait succomber suite aux blessures par balles.

De son mari, l’ancien président Dumarsais Estimé, le pays garde encore les meilleurs souvenirs de son règne. Elle a été défenseure des droits femmes, auteure et présidente d’honneur de la Ligue féminine d’action sociale, une institution de référence en Haïti, qui devrait commémorer ses 90 ans, depuis sa création en 1934.  

Durant l’année 2021, aussi tragique dans l’histoire politique et la vie social, en dehors de l’assassinat de l’ancien président de la République d’Haïti, et également chef de la diplomatie haïtienne Jovenel Moise, survenu le 7 juillet, pratiquement cinq mois plus tôt, la soirée du 3 février de cette même année avait été marquée par l’assassinat de Jacques Pierre Matilus, un autre diplomate de carrière.  

Delmas 40 B, un paisible quartier de la commune qui porte le même nom, allait subir l’assaut des criminels. Le diplomate et homme d'affaires de 56 ans, Pierre Jacques Matilus n’a pas survécu. On retiendra de lui son élégance, ses qualités  et son parcours ascensionnel de  l'ancien consul général et chef de poste au consulat d’Haïti à Santiago (République dominicaine), en République dominicaine, ancien directeur des affaires consulaires, ministre conseiller d’Haïti en Allemagne, enseignant et avocat.

Dans l'espoir que cette institution républicaine phare disposera un jour d'un bâtiment digne de son nom, on pensera à ériger un mémorial, un coin paisible comme reposoir, un jardin ou un mur qui affichera les noms de ces figures immortelles, parmi les plus prestigieux et honorables serviteurs diplomates.   

Difficile de ne pas saluer la mémoire de ces anciens serviteurs de la nation, parmi d’autres noms connus et moins connus, à l’approche de ce dixième anniversaire et quelques jours après la journée internationale de la fonction publique.

 

Dominique Domerçant

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