Où sont passés les 7 grands chantiers prioritaires du MENFP?

Le système éducatif haïtien fait face à d'énormes défis depuis plusieurs années. Pour l'exercice fiscal 2023-2024, l'Etat haïtien a disposé d'une enveloppe de 33, 17 milliards de gourdes au Ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle. Parallèlement, l'ancien ministre de L'Éducation, Nesmy Manigat avait prévu d'embrasser quelques grands chantiers tels la construction d'une vingtaine de lycées et d'écoles nationales dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la distribution d'un million de livre unique en créole haïtien et plusieurs autres réformes importantes au niveau des institutions scolaires.

En effet, cette année académique peut être considérée comme l'une des plus difficiles que devraient faire face les écoliers haïtiens. Dès la fin de l'année 2023, plusieurs milliers d’élèves du département de l'Ouest et de l'Artibonite se trouvaient incapables de se rendre en salle de classe malgré la réouverture des activités scolaires. L'insécurité a contraint des habitants de divers quartiers a fui leurs domiciles et se réfugier dans des écoles qui sont jusqu'à date des camps de réfugiés pour ces déplacés de l’insécurité.

Comme deuxième chantier, le ministre visait à attribuer un Numéro d’identification scolaire unique (NISU) à chaque élève tout en se rapportant également à l’accréditation des écoles et la certification des enseignants. Par contre, la suspension des activités scolaires en février 2024 et qui a connu une reprise timide en avril n'a pas fait l'affaire du ministre, selon un cadre du Ministère.

«Comment peut-on espérer voir réaliser un tel projet, lorsque des écoles du Centre-ville de Port-au-Prince se sont délocalisées ou ont été contraintes de fermer leurs portes. Certains d'entre eux ne gardent aucun contact avec ces établissements et le MENFP n'est pas en mesure de bien identifier leurs présences à travers les villes de province», a-t-il souligné.

Pour la régularisation du niveau préscolaire dans l'éducation et l'utilisation du créole comme langue d'enseignement, ce technicien qui a voulu garder l'anonymat nie complètement la capacité du ministère à intervenir en ce sens. Selon lui, la faible intervention de l'État dans l'éducation provoque des ralentis dans les prises de décisions. «Autant qu'on laisse à un secteur de gérer notre système éducatif, ce sera plus difficile pour les acteurs du système d'adopter les décisions jugées efficaces. Plus loin, il souligne que l'État peut toujours faire des exigences en ce qui a trait aux programmes liés aux études et aux systèmes dévaluations.»

Parmi les autres chantiers fixés par le MENFP, il y avait la production et la distribution gratuite d’un million (1.000.000) exemplaires du livre unique en créole haïtien pour la 3e et la 4e année fondamentale. Entre autres, même des responsables d'écoles nationales de la zone métropolitaine de Port-au-Prince soulèvent qu'ils n'ont jamais été convoqués par les cadres du Ministère à utiliser ce livre.

Quant aux traitements réservés aux enseignants du système, c’est toujours ce calvaire. Des retards ont été constatés dans le paiement, beaucoup ont abandonné leur poste soit à cause de l'insécurité ou par le flux migratoire imposé par le Programme humanitaire Parole instauré depuis janvier 2023 par le président américain Joe Biden. Les démarches du ministre pour recruter de nouveaux enseignants dans les écoles fondamentales et les lycées ne sont pas encore abouties en vue de combler les vides du système, a confié une source. Pour lui, le prochain ministre doit faire des efforts pour l'intégration de nouvelles têtes dans le système, et ce, sans aucune partisanerie.

Néanmoins, cet interlocuteur ajoute qu'il s'agit d'un bilan désastreux le passage de Nesmy Manigat à la tête du MENFP. Cependant, il évoque que la situation instable du pays et l'insécurité ont largement contribué à cet échec. Ainsi, il exige des enquêtes par rapport aux différentes dépenses du ministère, sur les frais de loyer des principales annexes, sur l'utilisation du Fonds national de l’éducation et les dons internationaux accordés au ministère.

 

Oberde Charles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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