Peu de temps après la publication de la circulaire du ministre de la défense, Jean Marc Berthier Antoine, ordonnant la mise en alerte des Forces armées d'Haïti, le secrétaire général de l'Association des militaires d'Haïti a vite critiqué cette décision. Selon lui, il faut à l'armée haïtienne un ensemble de matériels pouvant lui permettre de faire face à cette situation de grand banditisme mais aussi des moyens et des ressources nécessaires pour la modernisation de ce grand corps de protection et de sécurité nationale.
« Une circulaire du ministre de la Défense adressée au haut commandement des Forces armées d'Haïti ne devrait pas être rendue public sur les réseaux sociaux. Là il s'agit d'un crime de trahison où celui ou celle qui est à la charge d'une telle action mérite d'être sanctionné (e) par les concernés. La lettre n'a pas été adressée au grand public», a soutenu l'ancien militaire Ashley Laraque, qui confie que des secrets internes de l'Etat ne doivent pas être exposés sur les réseaux sociaux.
Pour lui, les militaires des FAD'H peuvent jouer un grand rôle dans la lutte contre l'insécurité en Haïti où les groupes armés occupent plus de 80% des points stratégiques de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et une bonne partie du territoire national. «Jusqu'ici il n' y a pas vraiment une intervention efficace des soldats de l'armée haïtienne dans la lutte contre la violence des gangs. Je ne suis pas du tout satisfait des décisions du Haut état major. Il est très visible que les Forcés armées sont dépourvus de matériels et d’équipements. Cependant, nous voudrions voir une armée plus dynamique qui se met à la recherche de matériels et qui se montre volontaire pour le rétablissement de la sécurité dans le pays.»
Pour arriver à ce stade, on ne doit pas seulement compter sur une armée dont la seule préoccupation serait d'aller chasser les bandits. Il faut néanmoins une institution organisée qui protège les différents points frontaliers et touristiques du pays, qui occupent les bâtiments stratégiques de l'Etat, qui contrôlent les ports, les aéroports et qui soient en mesure de limiter l'alimentation en armes et en munitions des groupes armés. Selon Ashley Laraque, cet embryon des Forces armées d'Haïti doit être structuré afin d'éviter que ce corps soit aussi mal organisé que l'institution policière.
Sans faire des réserves, le responsable des militaires d'Haïti estime que la désignation du citoyen Jean Marc Berthier Antoine comme ministre de la Défense serait un choix incompétent à la tête de ce ministère par rapport aux exigences du moment. « Le titulaire du ministère de la Défense est un agent 2 de la Police nationale qui a étudié le droit et qui a poursuivi son étude par une spécialisation en criminologie. Le personnage n'a obtenu aucune expérience dans les affaires de l'armée» , a commenté Ashley Laraque qui conclut que la dynamisation de l'armée en vue d'une réponse par rapport aux défis de l'heure, doit tout d'abord passer par une bonne structuration de l'institution, mais également par la mise en application de certaines mesures qui peuvent contribuer à la modernisation et au renforcement des capacités des soldats des FAD'H, qui auront pour mission de combattre les groupes armés qui sont visiblement mieux équipés que les agents de la PNH.
Pour rappel, il faut préciser que le ministre de la Défense a ordonné la mise en alerte des Forces armées d'Haïti, à travers une circulaire en date du 18 juin 2024. Ce document indique que des instructions supplémentaires seront communiquées ultérieurement et les forces armées doivent participer dans les prochaines opérations contre les gangs qui menacent la sûreté de l'Etat et la paix dans le pays.
Oberde Charles
