Finitude

Quand l'Homme parle de la nature,  l'impression dégagée fait référence à quelque chose de mystérieux,  quelque chose d'insondable dont il est lui même étranger et par voie de conséquence  se propose d'en percer les mystères, d'en décoder les secrets pour la dominer ou la subjuguer. 

 

  

  L'idée d'utiliser initialement  la magie pour soumettre la nature est sans doute partie de là.  Et l'approche scientifique, quoique plus objective, plus rationnelle, n'est pas, au fond, trop différente: mieux comprendre les lois dites naturelles pour mieux les contrôler et, éventuellement, mieux prévenir leurs manifestations qualifiées à tort ou à raison de caprices et ainsi mieux nous adapter dans notre environnement favorisant  l'évolution de notre espèce.  Pourtant, à l'instar des autres espèces et des minéraux que l'on retrouve sur la planète et malgré les progrès réalisés depuis la maîtrise du feu,  nous continuons à faire partie du décor et ne sommes qu'une parcelle du tout que constitue la nature, que constitue l'Univers.   

 

  

 Que nous soyons végétariens ou carnivores nous sommes ce que nous mangeons et ce que nous absorbons. Nous tirons, comme les autres espèces d'ailleurs, l'essentiel de nos besoins nutritifs et énergétiques de ce que nous consommons à partir de notre environnement, de ce que la nature nous offre. L'air que nous respirons, l'eau que nous buvons ne sont pas des productions humaines, ce sont les biens de la terre qui contribuent à maintenir l'équilibre sur la planète en  favorisant le développement continu de la vie et son évolution sous différentes formes. 

 

 Tout est lié et nous ne fonctionnons pas en vase clos. À bien réfléchir, nous sommes et nous faisons aussi partie de cette nature que nous voulons apprivoiser ou soumettre à nos caprices de chef. La donne a changé le jour où nous nous sommes rendu compte que grâce à notre intelligence nous pouvions devenir des prédateurs au lieu d'être des proies, des dieux au lieu d'être des hommes.  Et depuis,  nous nous battons contre nous-mêmes, en quête de plus de force, plus de pouvoir pour  dominer d'abord les autres espèces et entités,  ensuite nos semblables .  

 

 À défaut de ne pas pouvoir dompter les flots impétueux des eaux en furie, de canaliser la violence des vents déchainés pour devenir les maîtres de cette nature insaisissable et indomptable nous jouons de temps en temps aux apprentis sorciers en nous efforçant de créer nos propres lois, nos propres théories pas toujours vérifiables pour les imposer à l'échelle de la planète  comme étant *la vérité universelle.  

 

 Il en a toujours été ainsi depuis la nuit des temps. *It is in our genes*.  De ce point de vue là, nous n'avons pas tellement évolué: toujours capables du meilleur comme du pire pour satisfaire notre soif de valorisation. Aujourd'hui encore la célèbre devise inscrite sur le frontispice du temple de Delphes " connais-toi toi-même et tu connaitras l'univers et les dieux" est plus que jamais actuelle.  Plus qu'une introspection c'est un retour aux origines qui est suggéré grâce à une meilleure connaissance et compréhension de la nature. La quête identitaire de l'homme est donc éternelle dans la mesure où la nature et l'univers regorgent de secrets et de mystères qu'ils ne livrent qu'au compte-gouttes , puisque le temps ne jouant pas en sa faveur et n'est pas, dans ce cas précis, son allié.   

 Une quête infinie, car le jour où l'homme aura réussi à tout savoir, à tout comprendre, à être lui-même,  il deviendra l'intelligence suprême. Sa toute-puissance, le trop-plein d'énergie finiront par le consumer. 

 

 Ce sera la fin de l'espèce. 

 Sa destruction. Sa mort. 

 

Souhaitons qu'à ce moment-là, comme le Phoenix, il puisse renaître de ses cendres...

  

 

 Samuel E. Prophète

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