Corruption et sécurité : les mamelles du nouveau gouvernement ?

Toute l’actualité de cette semaine a été consacrée à l’installation du nouveau gouvernement et à des changements à la tête de la Police nationale. La prise de fonction des ministres a naturellement donné lieu à des déclarations d’intention, notamment la volonté d’engager des réformes de l’État. Un mot d’ordre semble avoir été passé : la lutte contre la corruption endémique qui sabote toutes les belles architectures de réforme.

Si du point de vue de la communication, on constate une différence avec certains gouvernements passés, on a cependant du mal à prévoir ce qui va se passer concrètement. L’opinion publique est partagée à ce sujet. Étant donné que le pays doit constamment faire face à la fatalité de l’échec permanent de ses élites, il n’est guère étonnant que moult questions agitent l’espace médiatique. Peut-on faire du neuf avec les mêmes ? Le nouveau gouvernement sait-il par où commencer?

D’autres dont le tempo politique a mûri leurs convictions pessimistes guettent les premiers scandales : l’explosion en vol du CPT ou les démêlés attendus d’un gouvernement que l’on croit client de quelque « impérialisme occidental » etc. Ceux qui ne veulent sombrer dans le pessimisme le plus noir, retiennent leur souffle et attendent les premiers cent jours de la nouvelle équipe.

Un gouvernement qui se déclare déterminé à nous faire reprendre une vie normale. Toute chose qui passe par la reconquête des territoires perdus. Un chantier difficile qui est pourtant une obligation avant les élections. Quels moyens disposent le nouveau pouvoir pour, comme on dit chez nous, « faire atterrir » ses promesses ? On connaît les limites de nos forces de sécurité trop longtemps négligées ou instrumentalisées pour de mauvaises causes. Et le nombre de policiers prévus pour la mission et les « obstacles juridico-financiers » ne rassurent nullement.

Quoi qu’il en soit, le nouveau « régime » devra au sortir de sa retraite annoncée un plan d’action avec un calendrier fiable pouvant au moins permettre au pays de recommencer pleinement à fonctionner sur des bases transitionnelles, mais conséquentes. On a besoin de croire que pour une fois, l’impossible que l’on dit possible chez nous le soit une fois pour le bien commun. Et faire mentir Justin Lhérisson qui trouvait qu’« Haïti est le pays où l’impossible est possible et le possible impossible »

 

Roody Edmé

 

 

 

 

 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

1 COMMENTAIRES